












|
 |
CRITIQUES DE CONCERTS |
11 mars 2025 |
 |
À l'ombre de ses grandes soeurs - les 2e & 3e Symphonies - inspirées elles aussi par le cycle poétique du Knaben Wunderhorn, la "petite" 4e de Mahler sonne comme une halte sur le chemin du compositeur autrichien, soucieux de " bâtir un monde " à l'orchestre. Avant tout, une oeuvre-piège dont la légèreté, teintée d'ironie, de mélancolie, et la versatilité de tons, de sons, de rythmes, prennent l'auditeur captivé comme en otage, dans le décor miné d'une Vienne carrefour de la Mittel-Europa au tournant du siècle
Surtout connu jusqu'ici en tant que pianiste, Christoph Eschenbach, à la tête de l'Orchestre de Paris, vient de révéler très précieuses affinités mahlériennes. Disons qu'il est l'homme de cette 4e comme Bernstein l'était autrefois de la 3e avec les mêmes interprètes ; au gré d'un subtil va-et-vient entre un élégant nonchaloir et sensuelle ductilité. Sa grâce très particulière tient dans le miroitement des atmosphères et des contrastes. À l'image du chant de la soprano solo qui, à l'entrée du Lied terminal, oscille et plane entre rêve et réalité.
Certes, l'oeuvre semble ici éprise de sa propre image. Mais sous le bonheur acoustique de l'approche (un bonheur qui inondait déjà , au lever de rideau, un Concerto pour violoncelle de Dvorak gonflé de sève, d'élan vital), Eschenbach sait transfigurer comme nul autre les équivoques nées du syndrome viennois, ce ballet de songes féeriques et d'ombres terrestres qu'il tire d'une formation manifestement subjuguée. Seule réserve : dans cette fresque superbement survolée et colorée de main de maître, le soprano de Heidi Grant-Murphy, au joli timbre mais à la projection un peu courte, n'était sans doute pas la complice rêvée dans le vaste espace de Pleyel. Une réserve qui ne compte guère, face à l'impressionnant "sans-faute" du chef et de l'orchestre.
|  | |

|
Salle Pleyel, Paris Le 07/10/1999 Roger TELLART |
 | Christoph Eschenbach et l'Orchestre de Paris | Orchestre de Paris
Direction musicale : Christoph Eschenbach
Heidi Grant-Murphy, soprano |  |
|  |
|  |  |
|