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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Riccardo Chailly dirige l'orchestre du Concertgebouw Ă  Londres

Un Concertgebouw mal concerté
© Decca classics

La venue du Royal Concertgebouw d'Amsterdam à Londres est toujours un événement. Sous la baguette de son titulaire, cette prestigieuse phalange s'est largement montrée à la hauteur de sa réputation en février dernier. Dommage que le concertiste Andreas Haefliger lui fût de si mauvaise compagnie.
 

Le 05/02/2000
Barry MILLINGTON
 



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  • Dans un concerto, il est malheureux qu'un pianiste et un chef ne puissent se regarder, car ce dernier devient alors totalement impuissant jusqu'Ă  la fin de la rĂ©exposition par l'orchestre. Ce fut pourtant la disposition scĂ©nique que choisit Riccardo Chailly, pour une robuste et dynamique lecture du Concerto en la majeur K 488 de Mozart, au Festival Hall en fĂ©vrier dernier. Mais dès l'entrĂ©e du pianiste Andreas Haefliger, on plonge dans une banalitĂ© qui perdurera toute la soirĂ©e dans son jeu. Son phrasĂ© fut en effet dĂ©nuĂ© de distinction, par moment grumeleux (par exemple, l'annonce du deuxième thème), et dans le finale, franchement anti-musical. Il n'y a en effet aucun sens Ă  assĂ©ner avec le mĂŞme poids les trois premières notes de ce mouvement, comme Haefliger l'a fait Ă  chacune de ses interventions. Pourtant, Chailly a montrĂ© le chemin, en s'assurant que l'orchestre, le Royal Concertgebouw, dessine son phrasĂ© avec intelligence. Comme pour compenser son manque d'expressivitĂ© dans les mouvements extrĂŞmes, Haefliger entraĂ®na l'Adagio aux limites du style classique, s'aventurant mĂŞme dans un romantisme dĂ©placĂ© pour assouvir sa vaine quĂŞte de profondeur. Son respect figĂ© de la partition fut nĂ©anmoins compensĂ©, dans une certaine mesure, par le jeu d'une nettetĂ© rafraĂ®chissante des bois du Concertgebouw.
    L'approche musclée de Chailly dans Mozart eut au moins l'avantage de mettre l'orchestre en condition pour une lecture vigoureuse et très articulée de la Symphonie n° 7 de Bruckner. Mention spéciale à nouveau pour les vents à cet égard. Le premier et le dernier mouvement furent propulsés en avant avec puissance et énergie, renforcée par un phrasé résolu n'hésitant jamais à faire un sort aux plus petites cellules. Il en résulta peut-être la perte de ces monumentales arches, ces vastes paragraphes musicaux qui doivent se déployer selon leur propre élan. Par voie de conséquence, les sommets cruciaux de la partition furent plus impressionnants que sublimes. Les meilleurs moments vinrent cependant dans les derniers épisodes de l'Adagio, pendant le climax de l'orchestre en tutti auquel un triangle et des cymbales lui disputent la note la plus intense. D'ailleurs, pour ajouter sa touche à la solennité à cet instant, le joueur de triangle enleva ses lunettes avant de se lever et d'apporter sa contribution, les remettant immédiatement après. Les sonorités endeuillées des tubas de Wagner achevèrent de souligner cet épilogue. Puis vint le lamento plus métallique des cors, suivi par l'hommage sincère à un Wagner qui venait juste de s'éteindre : une errance chromatique alourdie de toute la fatigue du monde, mais convoquée ici comme pour conjurer le redoutable prélude du Troisième Acte de Parsifal.




    Le 05/02/2000
    Barry MILLINGTON

    Riccardo Chailly dirige l'orchestre du Concertgebouw Ă  Londres
    Mozart : Concerto pour piano en la majeur K 488 - Bruckner : Symphonie n° 7
    Andreas Haefliger, piano
    Orchestre du Royal Concertgebouw
    Riccardo Chailly, direction

     


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