altamusica
 
       aide
















 

 

Pour recevoir notre bulletin régulier,
saisissez votre e-mail :

 
désinscription




CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Récital de Gérard Lesne et Anne-Lise Sollied, accompagnés par Il Seminario Musicale à la salle Gaveau, Paris.

Quelques parcelles d'un timbre fauve
© NaĂŻve

Envoûtante, déroutante est la voix de contre-ténor, surtout lorsque la couleur en est rare ; fragile aussi. Et combien, attirés par les planches, y ont brisé leur élan de mâle séraphisme. Gloire d'une génération encore pionnière, Gérard Lesne a su préserver quelques parcelles d'un timbre fauve, pour dialoguer de fulgurances haendéliennes avec le clavecin de Blandine Rannou.
 

Salle Gaveau, Paris
Le 18/01/2005
Mehdi MAHDAVI
 



Les 3 dernières critiques de concert

  • Bons baisers d’Eltsine

  • RĂ©gal ramiste

  • L'Étrange NoĂ«l de Mrs Cendrillon

    [ Tous les concerts ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)




  • Elle est Ă  l'arrière-plan, concentrĂ©e, presque possĂ©dĂ©e par un dĂ©mon, celui de Haendel sans aucun doute, virtuose d'un clavecin-star inattendu : Blandine Rannou ose toutes les dĂ©mesures, jusqu'Ă  un jeu physiquement exubĂ©rant, hirsute, pour un théâtre flamboyant, d'une variĂ©tĂ© essentielle. En formation quasi-monteverdienne mais de son profus, Il Seminario Musicale n'a plus qu'Ă  suivre, s'imprĂ©gner, s'inspirer de ces doigts rageurs qui prĂ©cipitent, impĂ©rieux, le rĂ©citatif dans les affres de la vengeance. Et le violon de Patrick CohĂ«n-Akenine relaie, pas toujours juste, mais galbĂ© et de graves Ă©treignants Se pietĂ . Ils sont solistes remarquables, mais sans une once de solipsisme, car GĂ©rard Lesne fĂ©dère par l'impulsion commune, et toujours prĂ©cise.

    Un orchestre, si concernĂ© soit-il, ne peut pourtant seul rendre justice aux « plus beaux airs d'opĂ©ra de Georg Friedrich Haendel Â», intitulĂ© un peu racoleur, qui se rĂ©vèle plus que rĂ©ducteur pour un programme riche en raretĂ©s, dominĂ© par la figure du castrat Senesino, crĂ©ateur de Giulio Cesare, Bertarido (Rodelinda), Orlando, des moins cĂ©lĂ©brĂ©s Ottone, Tolomeo, Sosarme, et de la seconde version de Radamisto, retaillĂ©e Ă  ses mesures : contralto Ă  la voix puissante et homogène, d'Ă©locution et de trille superlatifs, d'après le compositeur et flĂ»tiste Johann Joachim Quantz.

    A ce stade de sa carrière, Gérard Lesne ne peut ressusciter de tels fastes. Si le timbre lui échappe, faiblement projeté en lignes souvent brisées, le musicien demeure infaillible. La science de la dynamique lui permet de détourner, par d'inaudibles maniérismes parfois, les fêlures, conservant au chant son panache, son élégance, son mordant, qui est qualité rare chez un contre-ténor. Chaque mot est porté par la même éloquence : Tolomeo et Ottone sont de fin diseur, plus que chantés. C'est dans la hargne véloce de Radamisto que Lesne donne toutefois sa pleine mesure, même si l'aigu ne répond plus. Et de Vivaldi, intrus de génie par son Olimpiade, le contre-ténor français fait le plus éblouissant allié, parvenant toujours à suspendre, par pur artifice, les lignes de Mentre dormi, et transcendant les consonnes fébriles de Gemo in un punto e fremo, de projection soudain évidente.

    Dans ses duos haendéliens avec la soprano Anne-Lise Sollied, Gérard Lesne tend malheureusement à disparaître, faute d'harmoniques dominants, peinant à imposer ses phrasés d'instinct savant. Sa comparse ne peut offrir que les délicatesses de manières instrumentales, timbre lumineux et moelleux, sans animer la moindre ligne : Se pietà, cadeau empoisonné, n'est que d'élégante souplesse, de da capo sans ornement, d'expression placide.

    Les deux chanteurs peinent dès lors Ă  dialoguer, Ă  se complĂ©ter mĂŞme, par leurs mĂ©rites antagonistes, jusque dans un improbable duo mère-fils de Giulio Cesare oĂą les « ah ! Â» d'une laideur suffocante de GĂ©rard Lesne/Cornelia ne trouvent guère d'Ă©cho dans les effleurements virginaux d'Anne-Lise Sollied/Sesto. Et si le bonheur retrouvĂ© de Cleopatra se nimbe d'enjouement au contact de Cesare, le trille commun du Fac ut ardeat du Stabat Mater de Pergolesi donnĂ© en bis finit de les sĂ©parer.

    Heureusement, Blandine Rannou veille !




    Salle Gaveau, Paris
    Le 18/01/2005
    Mehdi MAHDAVI

    Récital de Gérard Lesne et Anne-Lise Sollied, accompagnés par Il Seminario Musicale à la salle Gaveau, Paris.
    Georg Friedrich Haendel (1685-1759)
    Extraits de Tolomeo, Ottone, Radamisto, Sosarme, Giulio Cesare

    Antonio Vivaldi (1678-1741)
    Extraits de l'Olimpiade

    Anne-Lise Sollied, soprano
    GĂ©rard Lesne, alto

    Il Seminario Musicale
    direction : GĂ©rard Lesne

     


      A la une  |  Nous contacter   |  Haut de page  ]
     
    ©   Altamusica.com