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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Concert de l'Orchestre national de Lyon sous la direction de Marc Albrecht, avec la participation de la violoniste Viviane Hagner à l'Auditorium Maurice Ravel, Lyon.
Marc Albrecht transfigure l'ONL
Marc Albrecht
Pour cette deuxième soirée consacrée au repertoire germanique, l'auditorium de Lyon accueillait Marc Albrecht, encore peu connu en France, mais qui mène une carrière confirmée en Allemagne. Une rencontre déterminante pour un ONL littéralement transfiguré et assurément un des concerts les plus magistraux de la saison.
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Complicité artistique
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Promis à une prestigieuse carrière et chef incontournable des plus grandes maisons d'opéra en Allemagne, Marc Albrecht est tout naturellement désigné pour diriger un concert consacré à Richard Strauss et Berg. Le « plus jeune chef jamais invité à Bayreuth » dispose aussi bien des qualités permettant de transcender le répertoire symphonique que scénique. Un double atout qui mérite en soi d'y consacrer une attention soutenue et que l'on ne trouve généralement que chez des maîtres déjà confirmés.
Au surplus, Albrecht est un accompagnateur hors pair : dans une orchestration dense qui peut vite s'avérer nébuleuse et envelopper le soliste d'un halo sonore fumeux, le chef allemand équilibre les différents pupitres du Concerto à la mémoire d'un ange de Berg et en compose une balance orchestrale impeccable. Ce soutien est idéal pour Viviane Hagner, dont le jeu à la fois ferme et transparent n'aurait supporté le moindre débordement. Techniquement, la violoniste allemande fait le pendant idéal à la finition de l'orchestre de sorte que les deux musiciens rendent clarté à un ouvrage aussi exigeant que difficile. Un beau témoignage d'une génération d'interprètes encore jeune et pourtant fort aguerrie.
Albrecht s'est du reste fait une spécialité de ce répertoire, qu'il défend dans les plus grandes maisons d'Allemagne. Sa vision de Strauss est proprement survoltée, servie par une intelligence et une verve orchestrale tout à fait abouties. Si, la semaine dernière, Hugh Wolff réalisait un compromis entre le son de l'orchestre français et la matière wagnérienne, Albrecht modèle le son de l'ONL entièrement à sa convenance, lui donnant un cachet fortement personnalisé, notamment dans les poèmes symphoniques de Richard Strauss.
Eruptions orchestrales massives et implacables
Cette image sonore de l'orchestre se marque par un traitement du timbre qui va toujours de pair avec un sens aigu de la tension dramatique. Aussi, le timbre n'est-il jamais artificiel ou décoratif, à l'instar de l'entrée remarquable des cordes, tout en tension contenue, au début de Mort et Transfiguration. On notera également la noirceur des trombones et la sécheresse de timbales survoltées qui donnent tout leur impact à des éruptions orchestrales massives et implacables.
L'ensemble demeure de surcroît toujours mené au moyen de tempi rapides qui confèrent au discours straussien toute l'urgence nécessaire. En outre, l'orchestre dispose constamment d'une sûreté technique qui lui permet de restituer au mieux l'esprit narratif qui habite Till l'espiègle. Tous ces éléments valent au public lyonnais une interprétation d'exception qui atteint des sommets d'une rare intensité tellurique : dans l'exécution de Till, l'ONL rend parfaitement compte de toute la démesure de l'orchestre straussien.
Une nouvelle fois, pour Richard Strauss, quand le souffle de l'esprit ne vient pas de Vienne, il émane souvent de Dresde. Albrecht, qui entretient des liens étroits avec le Semperoper dans lequel ont été créés Salomé et Elektra, s'est révélé ce soir un véritable démiurge, ouvrant de nouveaux espaces à un ONL transfiguré.
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Auditorium Maurice Ravel, Lyon Le 22/01/2005 Benjamin GRENARD |
| Concert de l'Orchestre national de Lyon sous la direction de Marc Albrecht, avec la participation de la violoniste Viviane Hagner à l'Auditorium Maurice Ravel, Lyon. | Alban Berg (1885-1935)
Concerto pour violon et orchestre « à la mémoire d'un ange » (1936)
Viviane Hagner, violon
Richard Strauss (1864-1949)
Mort et Transfiguration, poème symphonique op. 24 (1890)
Till l'Espiègle, poème symphonique op. 28 (1895)
Orchestre national de Lyon
direction : Marc Albrecht | |
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