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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert Beethoven du Choeur et de l'Orchestre de Paris sous la direction de Sylvain Cambreling au Théâtre Mogador, Paris.
Ludwig vaut bien une messe
En marge du cycle consacré aux symphonies de Beethoven, l'Orchestre de Paris proposait quelques raretés de son catalogue vocal, notamment la Messe en ut majeur, fière cadette de la Missa Solemnis. Malgré la présence inspirée de Sylvain Cambreling à la tête d'un Orchestre de Paris admirable de sonorité, un médiocre quatuor de solistes n'a pu transcender de criantes limites.
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Meeresstille und Glückliche Fahrt, cantate pour choeur et orchestre sur deux poèmes de Goethe, méritait tout sauf le silence du poète et dédicataire, évocation paisible aux admirables teintes de Pastorale, éveillée par un déchaînement annonçant la joie communicative du Finale de la 9e symphonie. Le Choeur de l'Orchestre de Paris peine à habiter les tenues de Meeresstille, d'une mer plus croupissante que calme, sur l'admirable tapis de cordes de l'Orchestre de Paris. Glückliche Fahrt le trouve plus à son aise, un peu raide pourtant, mais emporté par le geste flamboyant de Sylvain Cambreling.
Ce dernier ne pourra sauver la scène Primo Amore pour soprano et orchestre, probablement contemporaine du plus célèbre Ah ! Perfido, tant le chant erratique d'Ariane Douguet s'apparente à un jeu de massacre. La voix de la soprano française n'est pas sans posséder un format, une couleur, mais la tessiture trop élevée lui est périlleuse et la technique n'en paraît que plus précaire, la justesse mise à mal par une dynamique recherchée mais inaccessible.
De même, elle dépare Ne' giorni tuoi felici, où Yann Beuron déploie une tenue admirable et un timbre au bas-médium résonnant dans une tessiture qui reste maladroitement tendue. Il domine tout autant un Elegischer Gesang bien peu élégiaque, noyé dans les imprécisions d'un orchestre au moelleux envoûtant, tandis que le quatuor vocal demeure réfractaire à toute discipline d'ensemble, fragilisé par l'intonation défectueuse de trois de ses pupitres. De sa battue limpide, expressive, Sylvain Cambreling semble prêcher au milieu du désert.
La qualité supérieure de la mise en place de la Messe en ut majeur révèle une préparation sans doute plus minutieuse. L'Orchestre de Paris affirme davantage encore ses sonorités racées et idiomatiques, de cordes graves magnifiquement percutantes, et de solistes aux phrasés enveloppants – la clarinette de l'Agnus Dei. La baguette de Sylvain Cambreling inspire une architecture souple et intense, d'un parfait équilibre dans l'articulation des séquences, exaltant une progression quasi-dramatique, particulièrement dans un Credo d'exception.
Les voix, tant solistes que chorales, n'ont malheureusement pas les moyens de leurs ambitions. Empreint d'un entrain beethovénien massif, le choeur est souvent en-deçà des exigences encore classiques de la partition, peinant à donner une inflexion musicale aux notes tenues, en fin de phrases pas assez soignées, peu malléable en somme.
Plus discipliné que dans Elegischer Gesang, le quatuor de solistes ne parvient pas à résoudre ses problèmes de justesse. Patricia Fernandez possède une voix chaude mais encore trop raide, et Frédéric Caton ne sort que rarement de sa réserve. Quant à Yann Beuron, il confirme une fâcheuse tendance à l'affectation et aux ports de voix inélégants.
Une soirée bancale, suscitant l'étrange sentiment d'une réelle incompatibilité entre les chanteurs et un compositeur réputé peu habile dans son traitement des voix, comme refusant à ces oeuvres trop rares une réhabilitation digne de ce nom.
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Théâtre Mogador, Paris Le 26/01/2005 Mehdi MAHDAVI |
| Concert Beethoven du Choeur et de l'Orchestre de Paris sous la direction de Sylvain Cambreling au Théâtre Mogador, Paris. | Ludwig van Beethoven (1770- 1827)
Meeresstille und glĂĽckliche Fahrt, op. 112, pour choeur et orchestre
Primo Amore, WoO 92, scène et air pour soprano et orchestre
Ne' giorni tuoi felici, WoO 93, pour soprano, ténor et orchestre
Elegischer Gesang, op. 118, pour quatuor vocal et orchestre Ă cordes
Messe en ut majeur, op. 86
Ariane Douguet, soprano
Patricia Fernandez, mezzo-soprano
Yann Beuron, ténor
Frédéric Caton, basse
Choeur de l'Orchestre de Paris
direction : Didier Bouture et Geoffroy Jourdain
Orchestre de Paris
direction : Sylvain Cambreling | |
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