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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l'Orchestre de Paris sous la direction de Christoph Eschenbach, avec la participation du violoniste Pinchas Zukerman au Théâtre Mogador, Paris.
Chevauchée trop fantastique
Concert au programme très éclectique où l'Orchestre de Paris brille de tous ses feux, même si la direction de Christoph Eschenbach peut susciter des réserves, notamment dans une 7e de Beethoven tonitruante. Succès sans ombre en tout cas pour la création en France du très subtil Concerto pour violon du Britannique Oliver Knussen.
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Est-ce une bonne idée de faire débuter un concert par une oeuvre aussi développée et bruyante que la 3e symphonie de Roussel ? Page importante de la musique française de l'entre deux guerres, créée en 1930 à Boston, parée de multiples hardiesses d'écriture, puisant sa richesse harmonique dans des genres très opposés mais tous à la mode à l'époque, cette symphonie, telle que l'a dirigée Christoph Eschenbach, est trop écrasante côté décibels pour ne pas gâter quelque peu la qualité d'écoute de ce qui vient ensuite. L'Orchestre de Paris y a sans aucun doute déployé des trésors sonores remarquables à tous les pupitres, comportement d'autant plus méritoire que le chef semblait ignorer toute modération et, dans la bizarre acoustique de ce théâtre, nous rassasiait l'oreille au-delà du souhaitable pour une entrée en matière. Cette oeuvre peut incontestablement être abordée et consommée avec plus de modération et, une fois encore, si l'on ne pouvait qu'admirer la performance des musiciens, on ne pouvait aussi que regretter cette attaque à la hache d'une musique qui mérite une approche plus affinée.
Contraste total, évidemment, avec l'univers sonore d'Oliver Knussen dont le Concerto pour violon, créé en 2003 à Philadelphie par les mêmes Chrisoph Eschenbach et Pinchas Zukerman, n'est que mesure, finesse, équilibre et savante virtuosité, distillée avec la plus grande intelligence. Une partition de toute beauté, tant par la variété et l'agencement des timbres orchestraux que par la splendeur rayonnante mais sobre de l'écriture violonistique. Rien n'y semble inutile ni vain, tout va directement à la sensibilité en stimulant l'esprit, dans une plastique sonore personnelle, séduisante et pourtant sans concessions faciles. Pinchas Zukerman en est l‘interprète inspiré, archet magique, sonorité de rêve et technique de la plus belle nature, celle qui se fait oublier.
Une 7e de Beethoven brusque et agressive
Que dire de la manière très agressive choisie par Eschenbach pour aborder la 7e symphonie de Beethoven ? Que c'est probablement une option parmi d'autres, mais que l'on est en droit d'en préférer, justement, d'autres. Et ici encore, l'orchestre est irréprochable, d'autant qu'il est poussé quasi en permanence à une intensité extrême. Trop brusque, trop frénétique en permanence, ne laissant pas assez respirer les thèmes ni leurs développements, en particulier dans le deuxième mouvement et dans le Scherzo, la direction d'Eschenbach ne parvient pas à animer vraiment de l'intérieur cette admirable masse sonore en utilisant ses contrastes dynamiques, ses moments de quiétude, ses rares hésitations pour introduire les indispensables respirations donnant tout leur relief aux grands emportements qui dominent la partition mais ne la constituent pas exclusivement.
Si Wilhelm Furtwängler reste la référence en ce domaine, bien d'autres ont su aussi maîtriser les élans de cette oeuvre sans briser pour autant l'irrésistible progression de cet incroyable flot musical dont l'énergie est en fait plus souterraine qu'extérieure. Ce qui n'apparaît guère dans la chevauchée fantastique proposée par Eschenbach.
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Théâtre Mogador, Paris Le 02/03/2005 Gérard MANNONI |
| Concert de l'Orchestre de Paris sous la direction de Christoph Eschenbach, avec la participation du violoniste Pinchas Zukerman au Théâtre Mogador, Paris. | Albert Roussel (1869-19378)
Symphonie n° 3 en sol mineur, op. 42
Oliver Knussen (*1952)
Concerto pour violon et orchestre
Création française
Pinchas Zukerman, violon
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie n° 7 en la majeur, op. 92
Orchestre de Paris
direction : Christoph Eschenbach | |
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