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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l'ensemble La Rêveuse avec la soprano Julie Hassler en l'église des Billettes, Paris.
Rêverie romaine
Julie Hassler
Alors que l'opéra connaît un essor commercial fulgurant dans la Sérénissime dès 1637, l'aristocratie romaine se délecte d'une forme plus réduite et plus subtile, la cantate. Dans le cadre intime de l'Eglise des Billettes, le jeune ensemble la Rêveuse en restitue la grâce hédoniste, porté par l'expressivité instrumentale de la soprano Julie Hassler.
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D'une voix fraîche, d'un sens poétique de subtile évidence, Julie Hassler fait l'instrument idéal pour servir ces cantates romaines du seicento. L'étonnant paradoxe qui la rend d'emblée si attachante, qui l'identifie si immédiatement à cette musique même, est que ce timbre de pure conduite instrumentale ne se nourrit jamais de culture vocale, et dévoile volontiers ses limites pour mieux habiter une banale tessiture de soprano léger qui, oubliée sous tant d'art, se dédie à l'expressivité.
La moindre diminution, le moindre ornement, d'une maîtrise souveraine, servent la rhétorique, jamais décoratifs, d'une couleur qui varie à l'infini des accents, de l'italien qui se déroule d'un lumineux naturel. En Rossi comme en Marazzoli, la soprano joue de la ciselure, de l'épanchement progressif du timbre qui se réserve jusqu'à de beaux éclats pour mieux retenir, soudain, tel aigu qui s'allège tant qu'il menace de rompre. Et si le rire de Mi fate pur ridere de Marazzoli semble un peu forcé, la plainte, le désespoir d'amour s'abandonnent dans la clarté perlée à la plus bouleversante confidence.
Théorbe, harpe, clavecin et viole, la Rêveuse l'accompagne d'une couleur hypnotique, fusion des timbres qui se refusent à l'individualité pour mieux s'imprégner de sensualité, s'enveloppant dans leur pouvoir onirique, tandis que les pièces purement instrumentales acceptent, créent même le dialogue dont le théorbe subtil de Benjamin Perrot, qui est à l'exact opposé de la fougue théâtrale d'une Christina Pluhar, sort souvent vainqueur – car la harpe d'Angélique Mauillon manque de séduction, sinon de souplesse, et la viole de Florence Bolton joue d'une linéarité parfois pesante, tandis que l'acoustique joue des tours au clavecin de Bertrand Cuiller qui dans la Partita sopra l'aria du Follia est de toute manière redondant.
Mais la Rêveuse sait déployer comme un cocon une délicate stimulation de l'esprit par son approche chambriste d'un univers sonore que l'ensemble suggère, caresse, dévoile avec un sens profond de l'intimité et de la noblesse du geste musical.
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Eglise des Billettes, Paris Le 01/03/2005 Mehdi MAHDAVI |
| Concert de l'ensemble La Rêveuse avec la soprano Julie Hassler en l'église des Billettes, Paris. | Promenade dans la Rome baroque
ÂŒuvres de Frescobaldi, Rossi, Kapsberger et Marazzoli
Julie Hassler, soprano
La Rêveuse
Florence Bolton, viole de gambe
Bertrand Cuiller, clavecin et orgue
Benjamin Perrot, théorbe et direction artistique | |
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