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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Version de concert de Leonore de Beethoven sous la direction de Marc Minkowski au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Objet lyrique non identifié
Intéressant comme première version de Fidelio, l'opéra Leonore de Beethoven nécessite une interprétation plus définie, plus convaincante et plus homogène que celle-ci pour que l'on oublie ses faiblesses. Car dans ces conditions, Leonore ne risquait pas de dépasser le stade de simple ombre de Fidelio, et de sortir de son état d'OLNI.
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L'écoute de Leonore est toujours très déroutante. On se croit sans cesse dans Fidelio, bien plus présent à nos mémoires, et l'on n ‘y est jamais. Chaque fois que l'on s'installe dans un thème, dans une mélodie, dans un ensemble, ça dérape et nous entraîne dans des directions contrariantes qui perturbent notre écoute. C'est notre faute et non celle du compositeur, mais il est difficile de ne pas ressentir sans cesse une sorte de malaise. Seule une interprétation de très haut niveau peut pallier cet inconvénient et redonner force et impact à des pages qui en manquent souvent. Mais ce n'est pas le cas lors de ce concert du Théâtre des Champs-Élysées.
Leonore n'est pas un opéra raté. C'est seulement l'opéra que composa Beethoven avec conscience en appliquant les principes de base en vigueur à l'époque, tant dans la structure que dans l'écriture vocale, laquelle a, il est vrai, ses maladresses propres. Le problème est que tout cela reste un rien appliqué, ne décolle que rarement, et manque totalement des grands élans passionnels qui animent de manière fulgurante la partition de Fidelio. Il y a souvent une introduction inutile – comme avant le duo de Leonore et de Fidelio O namenlose Freude ! qui en brise l'élan, ou une conclusion qui s'éternise, ou des ornements de circonstance, comme dans l'air de Leonore, génialement restructuré dans Fidelio. Le livret en est encore plus manichéen, surtout au dénouement. Bref, et encore une fois, seules une direction inspirée et des voix d'exception peuvent tout sauver dans Leonore.
Direction et plateau très inégaux
La direction de Marc Minkowski est malheureusement restée en deçà de ce que l'on attendait. Parfois confuse, mais manquant surtout d'unité et de profondeur, elle pâtit toujours de cette propension à accélérer le mouvement pour donner de l'expression et à le distendre pour intérioriser. A certains moments, la précipitation fait frôler la catastrophe aux interprètes sans rien apporter de plus dans le domaine de l'expression. Et pourtant le Mahler Chamber Orchestra ne démérite point, avec une bonne sonorité d'ensemble et des pupitres très solides, notamment à l‘harmonie.
Du côté des voix, les satisfactions sont inégales. Alexia Cousin ayant soudain renoncé non seulement à ce concert mais, dit-elle, à la totalité de sa carrière, c'est Franzita Whelan qui la remplace. Cette respectable cantatrice irlandaise est assez indifférente, avec un timbre sans caractère particulier, une voix ni vraiment grande ni vraiment petite, une certaine musicalité, du goût, mais surtout une absence absolue de personnalité.
Face à elle, Endrik Wottrich est en revanche un Florestan éclatant de jeunesse et de vaillance vocale, avec une émission parfaite, un timbre brillant tout à fait capable d'émotion, un excellent Heldentenor que l'on retrouvera avec joie dans la Tétralogie du Châtelet la saison prochaine. Excellente Marcelline aussi de Martina Janková, très jolie voix fraîche, musicale, facile, bien timbrée, au service d'une interprétation vivante et intelligente. Les autres rôles masculins sont tenus de manière professionnelle, sans plus. Une mention pour le bel investissement du Choeur du Théâtre des Champs-Élysées.
Mais tout de même, quel étrange « OLNI » que cette Leonore !
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 07/03/2005 Gérard MANNONI |
| Version de concert de Leonore de Beethoven sous la direction de Marc Minkowski au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Leonore, opéra en trois actes (version de 1805)
Livret de Joseph Sonnleithner, d'après Léonore ou l'amour conjugal de Jean Nicolas Bouilly
Choeur du Théâtre des Champs-Élysées
Mahler Chamber Orchestra
direction : Mark Minkowski
Avec :
Endrik Wottrich (Florestan), Franzita Whelan (Léonore), Robert Bork (Don Fernando), Manfred Hemm (Rocco), Franz Hawlata (Don Pizarro), Martina Janková (Marcelline), Matthias Klink (Jaquino). | |
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