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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de la Rondine de Puccini dans la mise en scène de Nicolas Joel au Théâtre du Capitole, Toulouse.
Les trois saisons de l'hirondelle
Occultée par les chefs d'oeuvre imposants et un peu embarassants que sont Tosca, Madame Butterfly et La Bohème, voici la méconnue Rondine, redécouverte par Nicolas Joel. Le directeur du Capitole de Toulouse a monté cette pièce jugée longtemps secondaire dans l'oeuvre de Puccini pour le Covent Garden de Londres et la ville rose : un événement.
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Cette nouvelle Rondine présentée à Toulouse viendra au Châtelet en juillet. Elle est d'ores et déjà retenue par le Met de New York pour l'une de ses prochaines saisons. Cela fait du Capitole non pas seulement un opéra national avec une étiquette en bonne forme, mais une scène internationale ou mieux « intercontinentale », comme on dit aux Etats-Unis.
Avec ses odalisques 1920, ses colonnes aux grecques et fioritures art déco dues à un Ezio Frigerio particulièrement créatif, plus les costumes époustouflants de raffinement coloré de Franca Squarciapino, cette Rondine selon Nicolas Joel porte les résonances profondes d'un monde frivole, en décomposition. On avait demandé une opérette à Puccini qui, en 1912, séjournait à Vienne. Il s'en jugea incapable, et tourna plutôt son regard vers le Chevalier à la Rose de Richard Strauss, pour imaginer un opéra d'une même évanescence.
Créée à Vienne – c'est tout ce qu'elle a de viennois – en 1917, cette Rondine est une hirondelle qui crie, transperce l'azur de ses piaulements, de ses effrois, de ses ressentiments et de ses espérances. Certes dans la partition, on croit entendre parfois la Bohème, des mesures de Butterfly ou d'autres de Tosca. Mais ce sont des illusions. La partition est unique, d'un charme virevoltant. Elle est une forme de valse entre la comédie et le drame poignant d'une soif d'amour insatisfait. Cette « Traviata du pauvre » comme on l'a souvent nommée tant le livret se rapproche de la Dame aux Camélias (sans la pleurésie) est bien plus que cela, un condensé de cynisme, de mélancolie, de pessimisme.
A la baguette, un spécialiste de l'opéra italien, Marco Armiliato, communique une fougue puissante à l'orchestre du Capitole qu'il dirigera également au Châtelet. Le talentueux jeune ténor Giuseppe Gipali, vainqueur du concours Placido Domingo, ne chantera pas le rôle de Ruggero au Châtelet. Dans un jeu de chaises musicales, il interprétera le rôle de Jason, dans Médée, l'autre production du Capitole au festival des régions du Châtelet. Voix souple, instinctive, mais d'une gesture un peu pataude, il a mis en évidence sa compatriote l'Albanaise Inva Mula, qui a rarement été aussi déchirante que dans l'air final de son renoncement à l'amour.
Un bilan très satisfaisant pour cette hirondelle qui fait le printemps de Toulouse, l'été du Châtelet et l'automne du Met.
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Théâtre du Capitole, Toulouse Le 11/03/2005 Nicole DUAULT |
| Nouvelle production de la Rondine de Puccini dans la mise en scène de Nicolas Joel au Théâtre du Capitole, Toulouse. | Giacomo Puccini (1858-1924)
La Rondine, comédie lyrique en trois actes (1917)
Livret de Giuseppe Adami d'après le livret allemand d'Alfred M. Willner et Heinz Reichert
Choeur et Orchestre du Capitole de Toulouse
direction musicale : Marco Armiliato
mise en scène : Nicolas Joel
décors : Ezio Frigerio
costumes : Franca Squarciapino
Ă©clairages : Vinicio Cheli
Avec :
Inva Mula (Magda), Annamaria dell'Oste (Lisette), Giuseppe Gipali (Ruggero), Marius Brenciu (Prunier), Alberto Rinaldi (Rambaldo), Frédéric Caton (Périchaud), Jean-Pierre Lautré (Gobin), Thierry Félix (Crébillon), Oriana Kurteshi (Yvette), Nicole Fournié (Bianca), Elsa Maurus (Suzy), Thierry Vincent (un maître d'hôtel). | |
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