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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise du Faust de Gounod dans la mise en scène de David Mc Vicar, sous la direction de Jean-Claude Casadesus à l'Opéra de Lille.
Revisité british et mal chantant
Alain Vernhes (MĂ©phisto)
Drôle d'impression laissée par ce Faust revisité british mais tout sauf révolutionnaire de David Mc Vicar, dans lequel la belle direction de Casadesus, qui peine toutefois encore à jauger la nouvelle acoustique de la fosse lilloise, ne sauve pas deux rôles principaux absolument indignes du chef-d'oeuvre de Gounod.
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Méphisto a la plume au chapeau. Comme dans le texte. Quand il dit qu'il tire son épée, le geste suit le propos. Marguerite se mire dans le miroir de son coffre à bijoux et se pare de colliers étincelants. Voici si longtemps qu'à l'opéra on ne voit plus ce que l'on entend que la mise en scène de David Mc Vicar est réconfortante. Quelques provocations feutrées: Méphisto commande à boire et c'est de la blessure à la poitrine d'un Christ que jaillit le nectar ; Faust s'injecte une dose d'héroïne avant de voir, dans le ballet pour une fois reconstitué avec talent, la nuit de Walpurgis, le double de Marguerite, dansant enceinte.
Suivent quelques emprunts à la mythique production de Lavelli, les hauts de forme par exemple, mais on est bien loin de l'impulsion révolutionnaire que celui-ci avait donné au chef d'oeuvre de Gounod en 1974. Cette production légendaire n'a jamais été remplacée. La réalisation british présentée à Lille, en coproduction avec Covent Garden, est néanmoins un bel écrin dans lequel triomphèrent naguère à Londres, le couple Alagna-Gheorghiu. En traversant la Manche, cette production a perdu en acuité, en fascination, en intensité, simplement parce que les premiers rôles ne sont pas à la hauteur.
Voix mal placée, intonation vulgaire, diction incompréhensible, le calamiteux ténor anglais Paul Charles Clarke ne sait de surcroît pas bouger. Quant à la Marguerite d'Elena Kelessidi, sa voix n'est pas désagréable mais là encore sa prononciation laisse à désirer. Avec pareils Faust hésitant, sans personnalité, qui maîtrise mal le français, et Marguerite à la voix difficile, elle aussi bafouillant, peut-on se permettre de programmer, en France, le chef d'oeuvre de Gounod? Car les deux personnages principaux y chantent des tubes du répertoire qui ne supportent aucun à peu près.
Excellent Valentin en revanche de Jean-Sébastien Bou qui devient l'une des belles voix françaises : impeccable diction à mettre en parallèle avec celle d'Alain Vernhes, magnifique Méphisto. Les deux autres chanteuses françaises, Isabelle Cals (Siebel) et Doris Lamprecht (Dame Marthe) sont parfaitement convaincantes.
La direction de Jean-Claude Casadesus est mélodique à souhait, mais trop généreuse en cuivres. Sans doute l'orchestre et son chef n'ont-ils pas encore la totale maîtrise de la fosse nouvellement restaurée, qui projette un son magnifique. L'acoustique désormais radieuse de l'Opéra de Lille permettra de jouer tout le répertoire. Les efforts de l'Opéra sous la houlette de Caroline Sonrier méritent d'être encouragés.
Lille a déjà des pointures extraordinaires comme Jean-Claude Casadesus mais également Emmanuelle Haim et son concert Astrée : les distributions se doivent d'être au diapason.
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Opéra, Lille Le 12/03/2005 Nicole DUAULT |
| Reprise du Faust de Gounod dans la mise en scène de David Mc Vicar, sous la direction de Jean-Claude Casadesus à l'Opéra de Lille. | Charles Gounod (1818-1893)
Faust, opéra en cinq actes (1859)
Livret de Jules Barbier et Michel Carré, d'après un épisode du premier Faust de Goethe
Choeur de l'Opéra de Lille
Orchestre national de Lille / RĂ©gion Nord Pas-de-Calais
direction : Jean-Claude Casadesus
mise en scène : David Mc Vicar, remontée par Lee Blakeley
décors : Charles Edwards
costumes : Brigitte Reiffenstuel
Ă©clairages : Paule Constable
préparation des choeurs : Yves Parmentier
Avec : Paul Charles Clarke (Faust), Elena Kelessidi (Marguerite), Alain Vernhes (Méphistophélès), Jean-Sébastien Bou (Valentin), Isabelle Cals (Siebel), Doris Lamprecht (Dame Marthe), Roland Nédélec (Wagner). | |
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