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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Concert Mozart de l'Ensemble Matheus sous la direction de Jean-Christophe Spinosi au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
La maturité attendra
Il est devenu le chouchou du baroque et a été couvert de récompenses pour ses vibrionnants enregistrements Vivaldi chez Naïve. Jean-Christophe Spinosi est une espèce de ludion qui jubile dès qu'il touche une note de musique à la tête de son ensemble Matheus. Mais Mozart n'est pas Vivaldi, et demande de toutes autres qualités qui semblent ce soir aux abonnés absents.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 29/03/2005
Nicole DUAULT
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Bons baisers d’Eltsine
Chambre déséquilibrée
Régal ramiste
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Avec son regard écarquillé d'enfant ébloui, son exubérance, Jean-Christophe Spinosi danse d'un pied sur l'autre, et sautille au point qu'on s'attend presque à le voir voltiger au dessus de son pupitre. Il se donne à fond à son orchestre et à un public qui en redemande dans un spectacle touchant, charmant, enthousiasmant et fougueux. Quand il s'agit de Vivaldi, on crie « bravo ! » à tant de flamboiement.
Mais dans Mozart, le spectacle est plus problématique. Voix dure, difficile, Veronica Cangemi ne paraît pas sous son meilleur jour pour un Exultate, jubilate sans jubilation du tout, hormis celle d'un public qui, trié sur le volet, applaudit à tout rompre. Plus difficile encore, la Messe du Couronnement : orchestre sans magie, tâtonnant, sans jamais trouver la fluidité mozartienne. Spinosi, le beau Corse de Bretagne – il est installé au Quartz de Brest – demeure en dehors, très superficiel. Peut-être sa bondissante gestique parasite-t-elle le discours mozartien au point de l'empêcher d'y pénétrer en profondeur.
On ne peut décemment pas se permettre pareil swing dans une partition où l'intériorité et la sensibilité devraient jaillir en continu. Hormis les solistes, dont le merveilleux Paul Agnew, l'orchestre n'emporte jamais l'adhésion et le choeur de Joël Suhubiette chante le texte vibrant de la messe avec la conviction, l'enthousiasme et la foi qu'il mettrait à lire le bottin.
Tant d'énergie, de bonne volonté et de talent momentanément gâchés ! Le responsable est un manque de travail, de répétition et, plus grave, de maturité. Régalons-nous pour le moment de l'invention et de la joie que Spinosi met dans ses enregistrements Vivaldi, et essayons de nous convaincre que Mozart attendra au moins jusqu'en décembre, quand Spinosi abordera la Flûte enchantée dans cette même salle du Théâtre des Champs-Élysées.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 29/03/2005 Nicole DUAULT |
| Concert Mozart de l'Ensemble Matheus sous la direction de Jean-Christophe Spinosi au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Ave Verum Corpus, motet en ré majeur K. 618
Exultate, jubilate, motet en fa majeur K. 165
Et Incarnatus est, extrait de la Messe en si mineur K. 417a
Laudate dominum, extrait des Vêpres d'un confesseur en ut majeur K. 339
Krönungsmesse, K. 317
Cora Burggraaf, Blandine Staskiewicz, Veronica Cangemi, sopranos
Paul Agnew, ténor
Luca Pisaroni, basse
Choeur Les Éléments
direction : Joël Suhubiette
Ensemble Matheus
Direction : Jean-Christophe Spinosi | |
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