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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital de la violoniste Hilary Hahn, accompagnée au piano par Natalie Zhu à l'Auditorium de Lyon, dans le cadre de la série Grands Interprètes.
Une prêtresse aux airs innocents
Hilary Hahn
Après trois concerts d'exception, la série des Grands Interprètes est clôturée cette saison par le tandem violon-piano Hilary Hahn-Natalie Zhu. Et après les vieux maîtres les plus confirmés du monde musical, la jeune violoniste ne démérite pas en faisant preuve d'une maturité exemplaire.
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À vingt-cinq ans, Hilary Hahn clôt magistralement une superbe série des Grands Interprètes, marquée cette saison par Brendel, le Quatuor Berg et Nelson Freire, seniors déjà mythiques. Face à ces interprètes fort aguerris, l'Américaine ne dépareille pas et si son joli minois et sa voix claire annonçant les titres des bis rappellent à l'occasion son innocente fraîcheur, sitôt l'archet sur les cordes, la jeune femme s'efface pour révéler les esquisses d'une grande prêtresse.
Équilibre parfait entre les deux solistes, lisibilité des lignes, l'interprétation de la Sonate K. 376 de Mozart se distingue par sa retenue soignée, où l'on distingue d'emblée la concentration du violon de Hilary Hahn et le toucher délicat de sa partenaire. On regrettera cependant un vibrato constant et par défaut, plus fonctionnel que véritablement expressif, dans une pièce solaire qui aurait quelquefois gagné à s'appuyer davantage sur la blancheur de certaines notes. L'oeuvre apparaissant d'un intérêt plutôt secondaire, la qualité du rendu en demeure néanmoins exceptionnelle.
Cette approche convient mieux à la Sonate K.304, dans laquelle ce type de vibrato sied davantage au caractère Sturm und Drang de la pièce. Alors que la violoniste rend parfaitement compte du climat crépusculaire qui compose le début du deuxième mouvement et des inflexions quasi-schubertiennes de la partie centrale, Natalie Zhu pêche par manque d'ampleur ; l'oeuvre se serait accommodée d'un piano aux graves plus consistants. Les deux partenaires sont cependant gagnées par le même souci de sobriété et de finition et leur interprétation remporte aisément l'adhésion.
Véritable coeur de la soirée, la Sonate n° 3 de Bach se situe à l'égal des grands maîtres. Un jeu concentré et une grande économie de moyens, notamment au plan de l'archet, rendent un Bach intériorisé et intensément vécu. Le vibrato est plus varié que dans Mozart et joue ici pleinement son rôle expressif. La maîtrise de l'interprétation est telle que l'écriture polyphonique n'apparaît plus comme une gageure technique en soi ; l'instrument sonne naturellement, de sorte que la polyphonie est toujours parfaitement claire. Cette sonate apparaît d'une rare maturité, magnifiant autant la structure que l'aspect émotionnel, d'une plénitude constamment contenue, authentiquement bachienne.
La prêtresse Hilary ne nous laisse pas en reste avec une grande Sonate op. 13 de Fauré. Là encore, on peut reprocher un manque d'élan dans les anacrouses pianistiques d'influence brahmsienne, mais face à une telle exigence technique et une telle maturité musicale, tout ceci n'est en définitive qu'ergotage.
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Auditorium Maurice Ravel, Lyon Le 30/04/2005 Benjamin GRENARD |
| Récital de la violoniste Hilary Hahn, accompagnée au piano par Natalie Zhu à l'Auditorium de Lyon, dans le cadre de la série Grands Interprètes. | Série Grands Interprètes
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Sonate pour violon et piano en fa majeur K. 376 (1781)
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Sonate pour violon seul n° 3 en ut majeur BWV 1005 (1720)
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Sonate pour violon et piano en mi mineur K. 304 (1778)
Gabriel Fauré (1845-1924)
Sonate pour violon et piano en la majeur op. 13 (1875)
Hilary Hahn, violon
Natalie Zhu, piano | |
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