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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital du pianiste Guillaume Coppola à l'Embarcadère de Lyon.
Dans le souffle du premier romantisme
Guillaume Coppola
Déjà remarqué à la Roque d'Anthéron, le jeune pianiste français Guillaume Coppola sait, au milieu de dizaines de jeunes virtuoses, retenir l'attention par un clairvoyant mélange de sobriété et de passion, au service d'un jeu constamment expressif sans jamais forcer le texte. Des qualités parfaitement adaptées au romantisme allemand.
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Guillaume Coppola appartient à cette catégorie de pianistes dont le jeu se caractérise par son engagement et sa sincérité, qualités qui en font un interprète de prédilection du romantisme allemand. Dans une vision qui cultive un excellent compromis entre une nécessaire appropriation de l'oeuvre – sans laquelle ce répertoire perdrait de sa force – et un respect scrupuleux de la lettre, le jeune pianiste de 26 ans conduit les tumultueuses anacrouses schumanniennes avec une passion digne du plus fringant des Florestan, mais à la fois une sobriété, un toucher exempt de tout effet extérieur qui font merveille dans la Deuxième sonate du compositeur rhénan.
La lecture de six des Préludes de Debussy apparaît en revanche plus inégale ; si Coppola ne fait qu'une bouchée des pièces brillantes et de pure virtuosité – à l'image de Feux d'artifices –, il s'avère moins à son aise dans les subtilités de la palette de couleurs debussyste, telles celles de la Terrasse des audiences du clair de lune, même s'il faut bien avouer que la médiocre qualité de l'instrument ne l'aide guère dans cette entreprise. Mais on relèvera également un Général Lavine qui manque d'excentricité, qu'on aurait aimé plus pincé, caustique, véritable pendant ironique au poète de l'ineffable qu'est Debussy.
Avec Brahms, le pianiste retrouve la tradition allemande et un véritable terrain d'accomplissement. Tout d'abord avec une transcription – de la main du compositeur – du mouvement lent du Sextuor op. 18 à laquelle il confère habilement une ampleur expressive qui allait de soi dans la version originale grâce au soutien des cordes dans la conduite des phrases. Coppola restitue ainsi un geste d'ensemble qui se caractérise par sa largesse, obtenue notamment par des accords arpégés qui poussent inexorablement au gré des variations le matériau musical au summum de son potentiel expressif.
Mais c'est finalement dans les Fantaisies op. 116 que le jeune Français révèle toute sa démarche d'interprète, en inscrivant indéniablement la partition dans la tradition schumanienne plus que dans la grande lignée des ultimes chefs-d'oeuvre crépusculaires du Brahms de la maturité. Il achève ainsi de donner à son récital le souffle d'un premier romantisme juvénile et passionné, qui se trouve précisément en amont tout en innervant de manière sous-jacente le dernier Brahms, d'un romantisme quant à lui nostalgique et résigné.
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L'Embarcadère, Lyon Le 23/05/2005 Benjamin GRENARD |
| Récital du pianiste Guillaume Coppola à l'Embarcadère de Lyon. | Robert Schumann (1810-1856)
Sonate pour piano n° 2 en sol mineur, op. 22 (1833-36)
Claude Debussy (1862-1918)
Six préludes :
Feuilles mortes
La puerta del vino
Les fées sont d'exquises danseuses
Général Lavine-eccentric
La terrasse des audiences du clair de lune
Feux d'artifice
Johannes Brahms (1833-1897)
Thème et variations op.18/II
Fantaisies op.116
Guillaume Coppola, piano | |
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