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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Messe pour le sacre de Napoléon de Giovanni Paisiello par La Cappella de'Turchini sous la direction de Antonio Florio à la Basilique de St-Denis.
Le sacre de Paisiello
Antonio Florio
A l'occasion du bicentenaire du sacre de Napoléon, le Festival de Saint-Denis a eu l'heureuse initiative de programmer la messe composée pour l'occasion par Paisiello, recréée en 1995 au Festival de la Chaise-Dieu. Sous la direction d'Antonio Florio, les virtuoses de la Cappella de'Turchini s'y imposent comme les meilleurs ambassadeurs de la musique napolitaine.
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En entendant résonner la Messe pour le sacre de Napoléon sous les voûtes de leur nécropole, les rois de France ont dû se retourner dans leur tombe. L'initiative du Festival de Saint-Denis n'en est pas moins heureuse, ne serait-ce que pour révéler cette oeuvre rarement exécutée du maître de l'opéra bouffe napolitain. Car Giovanni Paisiello fut deux ans durant maître de Chapelle de Napoléon, son grand admirateur, qui le compare dans son roman Clisson et Eugénie à l'objet de son amour : « Eugénie était comme un morceau de Paisiello, qui transporte seulement les âmes faites pour le sentir tandis que le commun n'est point affecté ».
Pour son sacre, l'Empereur passa tout naturellement commande d'une Messe à Paisiello, rythmant une cérémonie entrecoupée de motets et de marches de Jean-François Lesueur et de l'abbé Roze. Le maître napolitain composa également un Te Deum, retrouvé en même temps que la Messe dans les années 1960 par le professeur Jean Mongrédien, levant l'ambiguïté sur l'attribution de compositions dont Lesueur avait revendiqué la totalité en 1837.
Recréée au Festival de la Chaise-Dieu en 1995, l'intégralité de la musique du sacre a été reprise pour le bicentenaire en l'église de la Madeleine selon l'ordre dans laquelle elle fut exécutée le 2 décembre 1804. Ici, Antonio Florio ne retient que le Te Deum et la Messe de Paisiello dans leur version napolitaine établie d'après le manuscrit conservé dans les archives du Conservatoire San Pietro e Majella de Naples.
Pages d'une simple majesté en vérité, et de pure élévation, flamboyantes illustrations musicales de l'autocélébration d'un Napoléon sensible à la séduction immédiate de la musique italienne. Les envolées chorales y alternent avec les parties éminemment ornées des solistes, privilégiant les ensembles dans le Te Deum, et des interventions à la colorature brillante dans la Messe, où sopranos et ténor rivalisent de virtuosité, laissant à la basse le soin d'invoquer la protection de l'Empereur dans le Domine salvum fac au son des timbales victorieuses. Rien ne vient troubler le lumineux classicisme que Paisiello célèbre avec un sens des contrastes et des suspensions faisant naître la ferveur, sinon l'association inédite du quintette à cordes, du cor et de la harpe, dialoguant avec les vocalises spectaculaires du soprano I dans l'Incarnatus est.
A la tête de la Cappella de'Turchini, Antonio Florio, ardent défenseur de la musique napolitaine aussi bien sacrée que profane, seria que buffa, imprime à cette musique un élan des plus inspirés, bénéficiant des cordes soyeuses de son ensemble, et d'un quatuor de solistes parfaitement rompus aux exigences belcantistes, avec les sopranos aux timbres parfaitement différenciés de la voluptueuse Maria Ercolano et de la plus gracieuse Maria-Grazia Schiavo. Attentivement préparé par Rosario Totaro, le choeur Mysterium Vocis montre davantage de qualités musicales que vocales, compensant par l'intensité du souffle sacré l'incertitude des attaques les plus exposées et l'hétérogénéité des pupitres.
Une découverte importante, aussi bien pour notre patrimoine musical que pour la postérité de Paisiello, servie avec leur flamme coutumière par Antonio Florio et sa Cappella de'Turchini.
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Basilique, Saint-Denis Le 16/06/2005 Mehdi MAHDAVI |
| Messe pour le sacre de Napoléon de Giovanni Paisiello par La Cappella de'Turchini sous la direction de Antonio Florio à la Basilique de St-Denis. | Niccolò Jommelli (1714-1774)
Chaconne pour orchestre op. 5 n° 13
Giovanni Paisiello (1740-1816)
Te Deum (1804)
Messe pour le sacre de Napoléon Ier (1804)
Maria Ercolano, soprano I
Maria-Grazia Schiavo, soprano II
Salvatore Cordella, ténor
Christian Senn, basse
Choeur Mysterium Vocis
direction : Rosario Totaro
La Cappella de'Turchini
direction : Antonio Florio | |
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