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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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9e symphonie de Mahler par l'Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Wyung-Whun Chung au Théâtre des Champs-Elysées, Paris.
Mahler hors de portée
Bilan très mitigé pour ce qui se voulait l'événement symphonique de la saison parisienne, avec en clôture de l'intégrale Mahler de l'Orchestre Philharmonique de Radio France et Myung-Whun Chung une 9e symphonie indifférente, tout aussi hors de leur portée que l'était il y a huit mois un Adagio de 10e inexistant.
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Dans une saison musicale, l'arrivée au terme d'un grand cycle est souvent l'occasion d'un brin de nostalgie, d'un pincement au coeur devant la fin d'une belle aventure. Mais sous la canicule tenace d'un début d'été parisien qui promet d'être torride, la 9e symphonie de Mahler de ce soir donne plutôt l'impression du paroxysme d'un chemin de croix. Point de larme à l'œil mais plutôt l'envie de lâcher un « ouf ! » de soulagement une fois le dernier réb majeur dissipé. Car à l'heure du bilan et malgré quelques surprises éparses, le constat est sans appel : une intégrale Mahler sur une saison était bien au-delà des capacités du Philharmonique de Radio France et de son directeur musical, qu'on a pourtant connus plus inspirés en d'autres terres.
Car dès les premières mesures de cette 9e, on revit le cauchemar de l'Adagio de la 10e qui avait ouvert les hostilités en octobre dernier : les fluctuations d'intonation font frémir, le rythme reste approximatif, la harpe sonne sec et atone. Si les tutti masquent plutôt bien les défaillances individuelles, les passages solos les étalent en pleine lumière : violon sans envergure ; flûte loin de tout esthétisme, chaotique de justesse et de legato ; hautbois et cor prosaïques. Et si la percussion, à coup de tam-tam tapageur, a l'air de se faire plaisir, elle est tout à fait incapable par sa sécheresse de restituer la tension souterraine et le malaise mahlériens.
Mais l'échec de ce dernier maillon d'intégrale est bien autant la faute du chef que des musiciens, car si Chung avait plutôt bien négocié la 8e, la 9e lui échappe de bout en bout. Le premier mouvement, erratique, très lent, conduit de manière terriblement séquentielle et extérieure, laisse la place à un Ländler fruste, à la raideur de passe-lacet, aux sonorités artisanales, et imperméable à cette ironie qui irrigue l'ensemble de l'oeuvre mahlérien.
Un Adagio final torpide
Après un court réaccord, le Coréen parvient au moins à évoquer une infernale mécanique contrapuntique dans le Rondo-Burleske, auquel il refuse cependant son apaisement central, bridant par excès de métronomisme un solo de trompette contraint. Reste le Finale, torpide, avec ces violons vibrés à en perdre la hauteur des sons, cette conclusion anodine et très en retrait de son potentiel expressif en raison de cordes sans chair, incapables de mener à bien des decrescendi beaucoup trop ambitieux – une dernière phrase des violoncelles avant l'Adagissimo parsemée de trous.
S'il est un enseignement à tirer de cette triste conclusion de cycle, c'est que le manque de culture mahlérienne de certains orchestres français qui ont les yeux plus gros que le ventre devrait les dissuader de programmer des intégrales hors de leur portée.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 24/06/2005 Yannick MILLON |
| 9e symphonie de Mahler par l'Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Wyung-Whun Chung au Théâtre des Champs-Elysées, Paris. | Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 9 en ré majeur (1910)
Orchestre Philharmonique de Radio France
direction : Myung-Whun Chung | |
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