Raconter à la fois Chostakovitch, la découverte de la TSF (Télégraphie Sans Fil) et les rapports du compositeur avec ce nouveau moyen de communication et avec son public et son pays, le tout en une heure et trente minutes, tel était le défi que s'étaient lancés les artisans de ce spectacle d'origine britannique.

Et le pari est en très grande partie réussi, car l'on passe un moment agréable, devant des images et des projections assez poétiques, éléments de costumes ou instruments de musique semblant bouger seuls, portés par d'invisibles montreurs, éclairages bizarres, sonorisation très travaillée à partir de bandes d'archives. On en apprend beaucoup, de manière à la fois fantaisiste et rationnelle, tant sur les débuts de la radio que sur les brimades vécues par Chostakovitch ou sur ses voyages.



Mais le clou du spectacle est pourtant l'interprétation du Quatuor n° 15 par le Quatuor Emerson. Trente-cinq minutes de pur bonheur musical qui justifieraient à elles seules la présence d'un tel programme dans une salle comme le Palais Garnier, a priori trop grande et trop solennelle. Mais Gerard Mortier ne veut-il pas, justement, briser un peu les idées reçues avec ces programmes appelés Frontières qui nous ont valu déjà des soirées mémorables ?