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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert du Mahler Chamber Orchestra sous la direction de Daniel Harding, avec la participation de la soprano Lisa Larsson au festival de Lucerne 2005.
Lucerne 2005 (2) :
Mahler sans l'impalpable
Après le concert d'ouverture du maestro Abbado, c'est à son poulain Daniel Harding de poursuivre les festivités lucernoises, aux commandes de son instrument, le Mahler Chamber Orchestra. Une soirée incontournable où l'essentiel habitera davantage la 2e symphonie de chambre de Schoenberg que la 4e de Mahler.
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Voilà un concert qui commence avec feu. De la 2e symphonie de chambre de Schoenberg, Daniel Harding tire une expressivité jusqu'au bout des ongles en lacérant littéralement la matière orchestrale : le Mahler Chamber Orchestra joue de ses cuivres tranchants, de ses bois chantants et de ses cordes transparentes dans une pâte sonore plus tendue que jamais.
La vision du jeune chef relève d'un expressionnisme sans concession, avec un côté acide épuré de toute esthétique postromantique et germanisante. Les interprètes s'approprient cette partition complexe et touffue dans une vision aussi limpide que cursive, aussi précise que musicale. Et le Con fuoco, survolté, s'impose avec encore plus d'évidence que le premier mouvement.
La 4e symphonie de Mahler qui suit donne plus à débattre. Orchestralement, la performance reste exceptionnelle. Harding fourmille d'idées que l'orchestre lui restitue avec enthousiasme. La présence des bois, notamment des clarinettes, l'acidité des cors et le coupant des cordes participent à une délectation exclusivement instrumentale. Les tempi convainquent cependant plus ou moins : l'entrée en matière du mouvement initial paraît excessivement tendue, un peu surexcitée, tout comme son climax, puissant mais bien vite survolé, à l'inverse du salutaire ralenti imposé à la coda.
Mais dans une optique qui tend nettement à avancer, le chef britannique ne tombe pas dans l'écueil de trop pousser le mouvement lent de l'avant. C'est toutefois le deuxième mouvement et le Finale qui suscitent l'adhésion la plus unanime, malgré une Lisa Larsson au grave inexistant et à l'aigu inconsistant, trop fragile pour ne pas lutter avec la justesse.
Arrière-goût de superficialité et de frustration
Alors que l'avant-veille, Abbado allait de son plus beau contresens dans Bruckner, Harding délivre un Mahler à la fois original, parfaitement cohérent d'un point de vue stylistique et magnifique de sonorités. Pourtant, jamais on ne frémit et l'ensemble laisse un arrière-goût de superficialité et de frustration. S'il est à douter que l'ancien assistant d'Abbado et Rattle ait une âme, il fait quoi qu'il en soit tout pour prouver le contraire.
Quel contraste avec la 4e de Boulez et les Viennois dans le même KKL il y a deux ans à peine ! Le chef français, pourtant réputé pour sa distanciation, livrait alors avec les Wiener Philharmoniker une interprétation de pure extase. En comparaison, le Mahler de Harding sonne presque désincarné, et on ne cesse de penser qu'il y manque cette donnée impalpable et secrète, qui fait qu'en définitive, l'essentiel n'y est peut-être pas.
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Konzertsaal, Kultur- und Kongresszentrum, Luzern Le 14/08/2005 Benjamin GRENARD |
| Concert du Mahler Chamber Orchestra sous la direction de Daniel Harding, avec la participation de la soprano Lisa Larsson au festival de Lucerne 2005. | Arnold Schoenberg (1874-1851)
Kammersymphonie n° 2 op. 38 (1906-39)
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 4 en sol majeur (1900)
Lisa Larsson, soprano
Mahler Chamber Orchestra
Membres du Lucerne Festival Orchestra
direction : Daniel Harding | |
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