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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Concert de l'Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction de Daniele Gatti au festival de Lucerne 2005.

Lucerne 2005 (5) :
L'ennemi du bien

© Priska Ketterer

Pour clore une résidence lucernoise très inégale, le Philharmonique de Vienne paie cher la présence au pupitre de Daniele Gatti. Un concert épouvantable où Wagner, Strauss et Mahler font les frais de la totale absence de lucidité d'un roi de l'esbroufe qui prouve à chaque instant que le mieux est l'ennemi du bien.
 

Konzertsaal, Kultur- und Kongresszentrum, Luzern
Le 12/09/2005
Yannick MILLON
 



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  • Cette année, le passage du Philharmonique de Vienne à Lucerne aura laissé une impression très mitigée. Après la grandeur de la Huitième Symphonie de Bruckner sous la direction de Christoph Eschenbach, mais aussi la prestation fort routinière de Zubin Mehta, voilà que Daniele Gatti s'échoue dans trois piliers du répertoire germanique.

    Dès les premiers accords de l'Enchantement du vendredi saint, on reste consterné. Après une première attaque de guimauve baveuse, pseudo-mystique et d'une incommensurable inertie, le chef italien désosse la solennité parsifalienne à l'arrêt, hors de toute réalité physique du tempo, de toute ossature rythmique. D'une gestique extatique aux petits mouvements très arrondis écume une matière informe ignorant jusqu'à la notion de phrasé – des articulations à plat, avachies.

    Puis Gatti nous achève à coup de Mort et transfiguration hollywoodienne, dans une série d'instantanés sans continuité, de mises en relief arbitraires de détails orchestraux sans intérêt, juste pour le plaisir de faire de l'inédit. La battue se désarticule – les mortelles lenteurs de la transfiguration ; la défiguration du combat contre la mort – jusqu'à s'écarteler dans des contrastes too much qui prouvent une fois encore que le mieux est l'ennemi du bien.

    Tempo de séance de déchiffrage

    On craint alors le pire pour la Première Symphonie de Mahler. Après une introduction qui renoue avec un sens des réalités temporelles mais veut faire tellement piano qu'elle occasionne d'innombrables dérapages aux cors, on raterait presque l'énoncé du premier thème de l'Allegro, tellement dilué et alangui dans le tempo initial que le basson en avale la moitié de ses notes.

    Dans un tempo de séance de déchiffrage pour orchestre de conservatoire, les violons restent calfeutrés sous l'étouffoir, et la nature dort toujours à poings fermés. Puis dans les maniérismes d'un joli rubato de dentelle, la naïveté mahlérienne vire à la niaiserie, confinée dans un encéphalogramme dynamique désespérément plat qui prive le premier mouvement de toute exaltation panthéiste.

    Le Ländler se vautre très vite dans la peinture paysanne brossée au bulldozer, tout comme la Marche funèbre ignore toute nostalgie dans les évocations du compagnon errant, toute ironie dans la lointaine marche de Bohémiens. Reste le Finale, traité d'esbroufe entre éclats douteux – les vomissures des cuivres et de la percussion –, lyrisme pour midinette – les transitions – et une pathétique accélération terminale dans le pire style opératique.

    Un concert détestable, qui amène vraiment à se poser des questions sur le masochisme assumé du Philharmonique de Vienne.




    Konzertsaal, Kultur- und Kongresszentrum, Luzern
    Le 12/09/2005
    Yannick MILLON

    Concert de l'Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction de Daniele Gatti au festival de Lucerne 2005.
    Richard Wagner (1813-1883)
    Karfreitagszauber, extrait du troisième acte de Parsifal (1882)
    Richard Strauss (1864-1949)
    Tod und Verklärung, poème symphonique op. 24 (1889)
    Gustav Mahler (1860-1911)
    Symphonie n° 1 en ré majeur (1888)

    Wiener Philharmoniker
    direction : Daniele Gatti

     


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