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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Ouverture de saison de l'Opéra de Montréal avec Norma de Bellini dans la mise en scène Stephen Pickover et sous la direction de Bernard Labadie.
Norma en eaux troubles
Ouverture de saison en demi-teinte à l'Opéra de Montréal, l'actuelle production du chef-d'oeuvre bellinien importée du Metropolitan se révélant handicapée par l'inégalité d'un quatuor vocal pourtant prometteur et par une direction d'acteurs scandaleusement approximative. Une Norma baignant en eaux troubles.
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Salle Wilfrid Pelletier, Place des Arts, Montréal
Le 17/09/2005
Renaud LORANGER
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Si l'on chante aujourd'hui très bien Rossini et Mozart, si Haendel et Vivaldi ne se sont jamais si bien portés, si Puccini et Verdi continuent de s'en tirer à bon compte, la présente Norma tend à souligner que l'état des lieux du bel canto spianato est probablement tout autre.
Les décors et costumes de John Conklin, efficaces et non dépourvus d'une certaine sobriété, semblent éluder toute véritable identification des protagonistes à la Nature, privant le spectateur d'une somptuosité scénique pourtant annoncée. Quelques beaux jeux de lumières viennent atténuer l'impression de froideur et de distance de la scénographie, sans pour autant la rendre beaucoup plus évocatrice.
Stephen Pickover, reprenant la mise en scène classique de John Copley, peine malheureusement à rendre palpable une tension dramatique que l'on souhaiterait à fleur de peau. À ce titre, bien des moments-clés du drame tombent à plat, notamment le finale du premier acte, ou encore cette feinte presque bizarre de la grande prêtresse d'Irminsul, tentant de poignarder ses enfants dans un geste d'une gaucherie spectaculaire.
Livrées à elles-mêmes, les femmes habitent un plateau qui serait sans elles bien terne. Car dans le cas d'Antonio Nagore, la déception est cruelle : remarqué dans des extraits de Chénier lors d'un récent gala montréalais, le ténor américain ne parvient pas à camoufler l'inadéquation de ses moyens actuels aux exigences de Pollione. Des problèmes d'émission récurrents et une présence scénique fort peu convaincante enlèvent toute épaisseur dramatique à son personnage, lacunes à côté desquelles on pardonnera facilement un souffle quelque peu court à l'Oroveso sonore et statuesque de Daniel Borowksi, de même qu'une relative prudence à la Norma impérieuse de Papian.
Prudente, la soprano arménienne l'est. Sa composition se dévoile en véritable crescendo, se jouant de la tessiture crucifiante du rôle pour atteindre une scène finale belle de vérité. À ses côtés, une Adalgisa à qui elle voue des sentiments d'une profondeur toute solidaire, facette d'une relation sur laquelle on insiste rarement en ces termes, et dont l'interprète se révèle la grande découverte du spectacle. Débutant sur cette scène, Kate Aldrich fait entendre un mezzo dramatique superbement assuré et coloré, réel joyau de la distribution, même si occasionnellement mis à l'épreuve par la tessiture élevée du rôle. La jeune Américaine s'avère aussi très bonne comédienne, insufflant une authentique dimension humaine à son personnage.
Dans la fosse, Bernard Labadie, à défaut d'obtenir des sonorités franches de l'Orchestre métropolitain l'italianità qui leur fait défaut, offre une lecture racée, unifiée et conséquente, imprimant un bel équilibre à la masse sonore en ne risquant jamais l'écueil d'une lenteur pouvant facilement devenir langueur.
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