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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de rentrée de l'Orchestre national de France sous la direction de Kurt Masur au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Du son avant tout
Concert de rentrée en forme de test pour le National de France et son directeur Kurt Masur dans un Théâtre des Champs-Élysées rénové. On attendait tant de pouvoir se plonger dans un TCE tout neuf qu'à l'entracte, bien plus que de l'orchestre, le public n'a de mots que pour la nouvelle acoustique de la salle.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 15/09/2005
Nicole DUAULT
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Plus que toute autre, cette rentrée de l'Orchestre National de France était attendue dans la salle en partie rénovée du Théâtre des Champs-Élysées. L'acoustique d'abord : le sol dont la moquette a été retirée est désormais composé d'un parquet en lattes de moabi, bois d'une essence africaine qui, visuellement, donne l'impression d'un espace plus vaste et surtout permet une meilleure réverbération du son. De même, la conque en bois qui enveloppe l'orchestre sur scène accentue la clarté sonore.
Kurt Masur, directeur du National, avait souhaité pour le troisième anniversaire de son installation à la tête de la formation associer à la 5e symphonie de Prokofiev deux chevaux de bataille du répertoire français : la Mer de Debussy et le Boléro de Ravel, qu'il a enregistrées jadis quand il était à New York. Beau programme qui doit être redonné pendant la tournée européenne de l'orchestre.
« On entend et on s'entend entre nous », confie à l'entracte un violoniste de l'orchestre. Les musiciens sont ébahis autant qu'ébaudis par la nouvelle acoustique de la salle. « On a répété seulement hier après-midi et c'est notre premier concert dans une acoustique qu'il va falloir apprivoiser. C'est le travail du chef », remarque le même violoniste. L'équilibre entre les cuivres et les cordes laisse encore à désirer mais la richesse des timbres, la plénitude des basses, la magie des graves, voilà ce que le nouveau TCE amplifie.
Un programme aux couleurs Ă©clatantes
La 5e de Prokofiev avec cette mélodie souterraine, ses couleurs saturées, contrastées, orientalisantes parfois, mais aussi douces, tendres, culmine dans une joie frénétique : équilibre, construction très architecturée, des qualités de Masur une fois de plus remarquées. Beau prélude aux deux chefs-d'oeuvre que sont la Mer et le Boléro.
Incarnation typique du chef germanique, Kurt Masur sait qu'on l'attend au tournant dans toute pièce authentiquement française. Avec une formation qui est elle l'incarnation de notre identité musicale nationale, le choc vient du même souci des musiciens et de leur chef dans l'analyse de la clarté et de la rigueur d'une Mer sans brume aux arabesques clairement dessinées. Peut-être eût-on aimé plus de transparence, d'intensité, de luminosité, des vagues plus pailletées et plus déferlantes, une mer un peu plus déchaînée. Succès habituel en revanche pour un Boléro plein de soleil, particulièrement éclatant, peut-être même trop tonitruant dans le final.
Il faut mettre cela sur le compte d'une acoustique avec laquelle le chef et l'orchestre doivent se familiariser. Mais une chose est sûre : Masur et le National n'ont jamais été aussi unis autour du son.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 15/09/2005 Nicole DUAULT |
| Concert de rentrée de l'Orchestre national de France sous la direction de Kurt Masur au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Sergei Prokofiev (1891-1953)
Symphonie n° 5 en sib majeur op. 100 (1944)
Claude Debussy (1862-1918)
La Mer, trois esquisses symphoniques (1905)
Maurice Ravel (1875-1937)
Boléro (1928)
Orchestre national de France
direction : Kurt Masur | |
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