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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert d'ouverture de la saison symphonique de l'Orchestre national de Lyon sous la direction de Jun Märkl à l'Auditorium Maurice Ravel.
Une entrée fulgurante
Jun Märkl
La soirée d'ouverture de la saison 2005-2006 de l'ONL aura suscité les réactions les plus tranchées, notamment par la présence de la vidéo et d'une mise en espace accompagnant le concert symphonique. Sur fond de polémique, Jun Märkl fera néanmoins une entrée fulgurante et unanime comme directeur musical au terme d'une prestation exceptionnelle.
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Après une année de transition, Jun Märkl prend officiellement la tête de l'ONL et l'on commence à mieux cerner son style, marqué par une ambivalence nette, quasi-dialectique, entre l'aspect technique souvent irréprochable et un souci de donner corps à une musicalité soutenue. En résultent des concerts généralement d'un très bon niveau d'ensemble, mais plus ou moins convainquants lorsque le choix entre ces deux aspects n'est pas clairement tranché. Le Concerto pour orchestre de Bartók en mars dernier en était l'illustration même.
À l'inverse, pour sa prise de fonction officielle, le chef munichois a ce soir clairement apposé sa griffe, captant d'emblée l'attention pour une Dante-Symphonie incandescente, où la spontanéité reprend ses droits sans jamais céder le pas à l'exigence technique. Car si Märkl ne lâche pour autant jamais réellement la bride, une tension constante confère à ce Liszt épique un regain d'impact dramatique : cordes de chair, percussions et cuivres puissants autant que lapidaires, faisant de cette descente dans les cercles infernaux le tourbillon dantesque idéal.
Surcharge visuelle
En revanche, on peut discuter de l'intérêt de la scénographie et de la vidéo qui surchargent une musique au programme interne déjà riche. L'idée de recourir à ce type d'installation n'est en soi pas inintéressante et a le mérite de renouveler le rituel du concert qui souffre incontestablement de sclérose. Mais s'agissant du répertoire symphonique, une telle démarche se révèle néfaste si elle n'a pas pour résultat d'aider l'auditeur à mieux écouter ; or, la multiplicité des discours finit soit par parasiter l'écoute, soit par rendre l'aspect visuel superflu.
Le résultat est encore pire dans Messiaen où des images concrètement orientées vers l'aspect glauque de la mort appauvrissent le discours d'une pièce en soi infiniment plus riche au niveau spirituel. Si le visuel ne mérite pas les huées dont il a été gratifié, du moins supporte-t-on assez mal la dichotomie avec une interprétation musicale parfaitement achevée, dont la crudité du hiératisme apparente Et expecto ressurectionnem mortuorum aux Symphonies d'instruments à vents de Stravinski, ou plus encore, à Rituel de Boulez. Märkl délivre un Messiaen idéal d'austérité, d'un mysticisme sans concession, proche du christianisme littéralement asséché des symphonies granitiques d'Oustvolskaïa.
À l'issue d'une pièce au discours musical si parfaitement mené, la scénographie ne peut que paraître superficielle et Märkl seul aurait de toute façon disposé avec cette entrée fulgurante de tous les arguments nécessaires pour convaincre un public enthousiasmé par le nouveau patron de l'ONL.
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Auditorium Maurice Ravel, Lyon Le 30/09/2005 Benjamin GRENARD |
| Concert d'ouverture de la saison symphonique de l'Orchestre national de Lyon sous la direction de Jun Märkl à l'Auditorium Maurice Ravel. | Franz Liszt (1811-1886)
Dante-Symphonie pour grand orchestre et choeur de femmes (1856)
Olivier Messiaen (1908-1992)
Et expecto resurrectionem mortuorum pour orchestre de bois, cuivres et percussions métalliques (1965)
danse et pantomime : Henri Bruère Dawson
danse et pantomime : Gabrielle Weisbuch
ruban aérien : Gilles Thomann
image : Isabel Forner
montage : Jean-François Hautin
Ă©clairages : Rick Martin
régie : Christophe Gaillard
mise en espace et installation vidéo : Jean-Philippe Clarac & Olivier Deloeuil
Choeur de Radio France
direction : Michel Tranchant
Orchestre national de Lyon
direction : Jun Märkl | |
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