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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de l'Étoile de Chabrier mise en scène par Mark Lamos et sous la direction de Jean-Marie Zeitouni à l'Opéra de Montréal.
Éloge de l'absurde
Largement négligé de ce côté-ci de l'Atlantique, Chabrier fait son entrée à l'Opéra de Montréal dans une production alliant burlesque et autodérision pétillante, et mettant en valeur une distribution très homogène. Un spectacle divertissant, où peut s'exprimer également une douce absurdité.
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Salle Wilfrid Pelletier, Place des Arts, Montréal
Le 12/11/2005
Renaud LORANGER
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Bons baisers d’Eltsine
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Il faut saluer au tout premier chef l'inventivité de la conception visuelle : la couleur y est omniprésente, au point de devenir reflet d'une psychologie de situation pour le moins versatile ; la chorégraphie et le mouvement, précis et mordants, atteignent eux aussi une légèreté d'atmosphère toute spirituelle et raffinée.
Car sous des dehors peu accrocheurs, sous l'apparence d'une facilité bancale, la musique de Chabrier révèle des petits bijoux de vocalité et d'orchestration. On songe à Offenbach, bien sûr, la tentation du rapprochement devenant presque inévitable. Et en l'occurrence, inutile de bouder son plaisir : on s'abandonne facilement aux supercheries des protagonistes, au ridicule de leurs contradictions et à l'aberration de leurs luttes contre le destin.
Si l'on se refusera à identifier le véritable acteur principal de la farce, on insistera sur cette fatalité, sur cette personnification de l'inéluctable qui se pose en trame de fond sérieuse, voire morbide, aux élucubrations autrement peu édifiantes du roi Ouf Ier et de son vaillant entourage. La richesse réelle de l'ouvrage réside probablement dans cette ironie, dans ce sens du sarcasme qui accompagne le regard décapant posé sur la mort – en de telles circonstances, rien de mieux qu'un peu de recul et une bonne rigolade, semble clamer l'inénarrable monarque.
Frédéric Antoun s'impose ici en acteur subtil. Le jeu est toujours teinté d'une touche de folie, toujours juste, en plus de faire écho à la truculence abstraite du masque Pang, rôle de ses débuts in loco dans Turandot l'automne dernier. La voix, qui se déploie avec panache sans jamais pour autant négliger l'unité de la ligne de chant et du phrasé, trouve là un emploi idéal.
Marie-Josée Lord, plus adepte des rôles de grand lyrique que de d'opéra bouffe, semble éprouver plus de difficulté à trouver ses marques : la prestation d'ensemble est tout à fait honorable, mais on cherche néanmoins une adéquation entre le texte et sa restitution qui demeure malheureusement défaillante. Michèle Losier, débordante d'énergie juvénile, se joue admirablement d'une fausse tessiture de soprano et fait montre d'une certaine endurance alors que le livret lui fait rarement quitter la scène.
Les choeurs de la maison chantent dans un français idoine et s'épanouissent dans un jeu d'ensemble cohérent et bien intégré. Plus anecdotiques, les contributions des Tapioca, Hérisson, Aloès et Sirocco n'en demeurent pas moins superbes de caractérisation. De manière ultime, c'est cette attention au détail, cette apesanteur des interactions, qui marque vraiment le plateau. Dans la fosse, Jean-Marie Zeitouni anime un orchestre métropolitain ludique et élégant.
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