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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert Brahms de l'Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction de Myung-Whun Chung et avec la participation du violoniste Gil Shaham au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Chung et le Philharmonique retrouvés
Chung retrouvé et un orchestre galvanisé tout en restant souple : le concert Brahms du Philar a donné du chef et de sa formation une image restaurée. Il en fallait beaucoup pour oublier la mauvaise impression laissée, à une exception près la saison passée, par l'intégrale Mahler. Brahms l'a faite oublier grâce aussi au violoniste américain Gil Shaham.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 30/11/2005
Nicole DUAULT
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A la corbeille, chefs d'entreprise, vedettes de cinéma (Carole Bouquet et Michel Blanc), la pianiste Martha Argerich et Pierre Bergé, supporter attitré de Chung, entouraient Jean-Paul Cluzel, PDG de Radio-France. Comme le public qui emplissait le TCE, ils n'ont pas ménagé leurs applaudissements, contraignant Gil Shaham, ravi, à donner deux bis, deux pièces de Bach d'une splendeur arachnéenne, introduisant au mieux la 4e symphonie de Brahms, si profondément imprégnée de Bach, que Chung allait diriger après l'entracte. A Shaham, les spectateurs en redemandent encore et encore. Le violoniste revient saluer une nouvelle fois mais sans son violon, un Stradivarius de 1699 baptisé Comtesse de Polignac.
Visage encore poupin malgré ses 34 ans, illuminé d'un sourire en permanence dans les étoiles, sans doute affaire d'hérédité puisque son père est un astrophysicien réputé, l'Américain fascine. Silhouette plutôt massive, blottie dans un habit un peu trop grand, sans doute pour donner plus d'aisance, il se fait force et tendresse tout à la fois. On sait que Brahms, quand il écrivit son Concerto pour violon en ré majeur, pensait au piano et la partition s'en ressent dans des difficultés transcendées avec éclat.
Shaham et Chung se connaissent depuis longtemps. Ils ont fait ensemble de la musique de chambre et ont même enregistré le Quatuor pour la fin du temps d'Olivier Messiaen. Leur complicité est évidente jusqu'à cet aparté, à la fin du premier mouvement, où on les voit rire : un coup d'archet impétueux a croisé la baguette fougueuse du chef.
C'est de la luminosité plus que la brume du nord que communiquent le maestro, le soliste et sa formation, se souvenant sans doute que ce concerto fut écrit par Brahms à la suite d'un premier voyage en Italie. Le magnifique solo, très sensuel, du hautboïste Jean-Louis Capezzali est à l'égal d'un Shaham qui, soutenu par les cordes de l'Orchestre, va presque jusqu'à la rupture sonore. C'est un Brahms annonciateur de la modernité que l'on entend, un Brahms auréolé de bonheur, plus musclé que rêveur.
La 4e symphonie qui unit la tradition et l'innovation se révèle un colosse plein d'élans lumineux. La retenue, la mélancolie, seront pour un autre jour. Voilà un monument peut-être un peu trop sonore, éclatant mais aussi subtil avec le solo de flûte vraiment magique de Thomas Prévost. Mais il y a aussi un autre musicien de l'Orchestre Philharmonique engagé depuis quelques mois qui se révèle de concert en concert : le premier violon solo Svetlin Roussev, âgé de tout juste 26 ans.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 30/11/2005 Nicole DUAULT |
| Concert Brahms de l'Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction de Myung-Whun Chung et avec la participation du violoniste Gil Shaham au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Johannes Brahms (1833-1897)
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, op. 77
Gil Shaham, violon
Symphonie n° 4 en mi mineur, op. 98
Orchestre Philharmonique de Radio France
direction : Myung-Whun Chung | |
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