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CRITIQUES DE CONCERTS |
22 novembre 2024 |
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Concert de l'Orchestre national de Lyon sous la direction de Lawrence Foster, avec la participation du pianiste Radu Lupu Ă l'Auditorium Maurice Ravel de Lyon.
Leçon d'économie
De plus en plus rare sur la scène internationale, le pianiste Radu Lupu est en cette fin d'année l'invité d'honneur de l'ONL placé sous la direction de Lawrence Foster. L'événement est à la hauteur des attentes, pour une prestation exceptionnelle à tous égards dans un Concerto en ré mineur de Mozart épuré à l'extrême.
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Il est des artistes qui purifient, qui révèlent le substrat d'une oeuvre sans jamais avoir à jouer une note plus haute que l'autre. Encore sont-ils bien rares, et parmi eux, Radu Lupu est sans doute des plus radicaux. La raréfaction, cultivée jusque dans des apparitions publiques qui tiennent de l'exception, apparaît sans doute comme la caractéristique musicale la plus remarquable de ce pianiste hors du commun. Un chef ne s'adapte pas à un tel musicien sans prise de risque. Et c'est d'une baguette tremblante que Lawrence Foster ouvre un Concerto en ré mineur de Mozart qui semble émaner du silence comme jamais. Une demi-teinte aussi subtile que saisissante annonce un piano concentré sur l'essentiel, épuré à l'extrême.
Radu Lupu livre un concerto d'un équilibre parfait, d'une économie sidérante dans le geste et le toucher. Peu de contrastes viennent se greffer à une interprétation résolument apollinienne. Une simple ligne de basse se sculpte à l'occasion dans la matière pianistique pour rendre un relief tant raffiné qu'inattendu. De cette lecture a minima résulte une bouleversante impression de beauté, fruit d'un toucher qui ferait presque oublier les marteaux du piano et laisse parler l'oeuvre d'elle-même.
Un pianiste en implacable maître zen
Rarement on sortira d'une prestation avec un esprit si limpide, rasséréné par une lumière aussi irradiante. Car Lupu officie dans Mozart en implacable maître zen, purifiant une musique déjà divine de la moindre scorie. Lawrence Foster règle efficacement les climats et son approche d'une grande souplesse reprend à son compte une musicologie nécessaire – utilisation des timbales à l'ancienne – sans céder aux sirènes du fétichisme. L'accompagnement est équilibré et parfaitement dosé, toujours vivant dans sa conception.
Pour le reste, on a déjà entendu l'ONL mieux sonnant sous d'autres baguettes, en particulier dans Leonore II, mais la vision beethovénienne de Foster est bien construite, suffisamment haletante, voire efficacement nerveuse dans la coda. Dans le même esprit, on pourrait certainement ergoter sur la mise en place de la 2e symphonie de Brahms – soli de cor tâtonnants, justesse défaillante des cuivres au début de la symphonie, problème d'équilibre chez les bois – mais un beau phrasé de cordes, la clarté des flûtes et une lecture bien menée compensent les quelques faiblesses et laissent sur l'impression d'un Brahms qui respire, à la fois aéré et ample, toujours bien charpenté, sans jamais dédaigner une touche légèrement méditerranéenne.
Une soirée d'exception, avant tout pour la leçon d'économie, de pureté et d'efficacité de Radu Lupu, loin de la surabondance et du gavage qui caractérisent les périodes de fêtes, loin aussi des séries de concerts gargantuesques de certains de ses confrères.
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Auditorium Maurice Ravel, Lyon Le 17/12/2005 Benjamin GRENARD |
| Concert de l'Orchestre national de Lyon sous la direction de Lawrence Foster, avec la participation du pianiste Radu Lupu Ă l'Auditorium Maurice Ravel de Lyon. | Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Leonore II, ouverture op. 72 (1805)
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour piano et orchestre n° 20, en ré mineur, KV 466 (1785)
Radu Lupu, piano
Johannes Brahms (1833-1897)
Symphonie n° 2 en ré majeur, op. 73 (1877)
Orchestre national de Lyon
direction : Lawrence Foster | |
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