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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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On doit à Deborah Warner deux mises en scène lyriques inoubliables: un Don Giovanni de Mozart d'une rare violence, à Glyndebourne, et un subtil et captivant Tour d'écrou de Britten, présenté à Bobigny la saison dernière dans le cadre d'une tournée du Royal Opera House Covent Garden de Londres. Elle s'impose, cette année, avec un spectacle très court : trente-cinq minutes ! Et elle remporte son défi avec le même talent. En 1917, Leos Janacek, tout à sa passion pour Kamila Stösslova, compose une cantate, le Journal d'un disparu, contant l'histoire d'un jeune homme qui abandonne tout pour suivre une Tzigane dont il est épris. Une partition dense, épurée, mais d'un lyrisme spontané et irrésistible. Traduits en anglais par Seamus Heaney, les poèmes gardent leur fraîcheur et leur ardeur juvénile. Ian Bostridge les dit avec naturel, comme le fin mélodiste qu'il est, et sa voix, dont le timbre peut facilement blanchir dans l'aigu, est ici riche et claire. Ruby Philogene campe, en quelques répliques, une Tzigane ensorcelante. Quant à Julian Drake, vrai partenaire plus que simple accompagnateur, il offre aux mots un éclatant écrin sonore. Il ne reste à Deborah Warner qu'à tisser autour d'eux une mise en scène fluide, légère, aérienne, qui prend dans sa toile les amants éperdus. Un magnifique spectacle, en vérité, et suffisamment dense, malgré sa briévété, pour remplir une soirée.
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Théâtre MC 93, Bobigny Le 28/10/1999 Michel PAROUTY |
| Journal d'un Disparu de Leos Janacek | Mise en scène : Deborah Warner.
Avec Ian Bostridge (ténor), Ruby Philogene (mezzo soprano), Julian Drake (piano). | |
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