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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production du Voyage à Reims de Rossini dans la mise en scène d'Alain Maratrat et sous la direction de Valery Gergiev au Théâtre du Châtelet, Paris.
Escapade en diligence russe
Aussi rare que difficile à monter – l'oeuvre exige rien moins que quinze solistes – le Voyage à Reims de Rossini, créé à Paris le 19 juin 1825 à l'occasion du couronnement de Charles X, nous revient après un détour par Saint-Pétersbourg, dans une version trépidante entraînée par la baguette magnétique de Valery Gergiev.
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Valery Gergiev au pupitre, sa soeur Larissa Gergieva à la direction des chanteurs, tous issus de l'Académie qu'elle dirige avec poigne au Mariinski, et attentive depuis la salle parcourue par les évolutions des personnages, un plateau de jeunes interprètes aux voix franches et saines et à l'énergie formidable, une mise en scène jubilatoire signée du Français Alain Maratrat, ce Voyage à Reims avait tout pour séduire le public parisien, qui s'y est pressé en force comme à toute la saison russe de cette première partie de saison.
Il est difficile, dans une partition qui réclame autant de voix, d'obtenir une distribution homogène : c'est pourtant le petit miracle que réussit la troupe des jeunes chanteurs – tous russes – de l'Académie du Mariinski, du reste doublée à l'occasion de représentations supplémentaires. On pourra, au passage, déplorer qu'il n'existe pas vraiment, en France, d'institution à la réussite comparable.
Reprenons brièvement l'histoire, totalement loufoque et, à la limite, dépourvue de tout intérêt dramatique – comme la critique de l'époque sut le reprocher à Rossini – de ce Voyage à Reims : un groupe de membres de la haute société européenne, en villégiature dans une auberge de Plombières, caresse le projet de se rendre à Reims pour le couronnement du roi Charles X. Las, rebondissement dramatique : il n'y a plus de chevaux à louer ! Un peu comme si, aujourd'hui, un groupe d'estivants du Club Med se trouvait empêché par une grève de la SNCF
on imagine la profondeur de l'enjeu. Dieu merci, on prendra demain la diligence pour Paris, oĂą la comtesse de Folleville convie l'ensemble de la compagnie.
En attendant, chacun de vanter les particularités de son pays, et bien sûr la cohérence de l'Europe, que tous ensemble représentent. Premier opéra européen ? Pourquoi pas
En tout cas, la troupe russe fait merveille sur ce bien léger canevas. On retiendra particulièrement la soprano Oxana Chilova, qui vocalise à merveille dans le rôle de Madama Cortese, ou le beau timbre velouté d'Irina Vassilieva incarnant Corinna, l'improvisatrice romaine.
Dans un décor volontairement dépouillé, où les musiciens, partie intégrante du spectacle, occupent le fond de la scène – le chef, du coup, qui prête au jeu son enthousiasme et son énergie habituels, dirige au milieu des chanteurs –, avec les costumes intemporels et pleins de charme de Mireille Dessingy, cette escapade en diligence russe (même si bel et bien chantée en italien !) reste le voyage le plus agréablement dépaysant de cette fin d'année.
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Théatre du Châtelet, Paris Le 15/12/2005 Anne-Béatrice MULLER |
| Nouvelle production du Voyage à Reims de Rossini dans la mise en scène d'Alain Maratrat et sous la direction de Valery Gergiev au Théâtre du Châtelet, Paris. | Gioacchino Rossini (1792-1868)
Il viaggio a Reims, ossia L'albergo del Giglio d'Oro, dramma giocoso en un acte
Livret de Luigi Balocchi d'après Corinne ou l'Italie de Madame de Staël
Orchestre du Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg
direction : Valery Gergiev
mise en scène : Alain Maratrat
décors : Pierre Alain Bertola
costumes : Mireille Dessingy
Ă©clairages : Pascal MĂ©rat
Avec :
Irina Vassilieva (Corinna, poétesse romaine), Elena Tsvetkova (Marchesa Melibea), Elena Gorchounova (Contessa di Folleville), Oxana Chilova (Madama Cortese), Dmitri Voropaev (Cavalier Belfiore), Mikhaïl Latichev (Conte di Libenskof), Vadim Kravets (Lord Sidney), Nikolaï Kamenski (Don Profondo), Vladislav Ouspenski (Barone di Trombonok), Vladimir Tioulpanov (Don Alvaro), Mikhaïl Kolelichvili (Don Prudenzio), Andreï Iliouchnikov (Don Luigino), Elena Sommer (Maddalena), Olga Kitchenko (Modestina), Youri Vorobiev (Antonio). | |
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