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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital de Yevgueni Kissin au Théâtre des Champs Elysées, Paris.
Kissin, la tornade rĂŞveuse
© Bette Marshall
Yevgueni Kissin est une nouvelle fois passé par Paris. Toujours perdu dans ses rêves, le pianiste russe, qui approche maintenant la trentaine, reste un phénomène unique dans le monde musical. Une stature qui n'en finit pas de prendre de l'importance.
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On se rend compte peu à peu qu'au-delà du phénomène " enfant prodige " qui fascina les foules, Kissin est un révolutionnaire du piano comme le fut en son temps Richter. Il ne joue rien comme les autres et son approche de l'instrument est totalement personnelle car il se comporte librement, comme si aucune tradition n'existait dans l'interprétation des différents compositeurs qu'il aborde. Il porte son jugement sur les ¦uvres, non sans excès parfois, notamment dans les tempi rapides, et ne se réfère à rien d'autre qu'à son analyse et à son tempérament. D'où une certaine déroute chez ceux qui pensent que Beethoven doit se jouer comme ci, Schumann commença. Traitée par Kissin, la sonate La Tempête devient une course à l'abîme, souvent haletante et étourdissante, mais traversée de pauses où la rêverie prend le temps de se développer, dans des demi-teintes admirables, avec un phrasé d'une délicatesse soudainement bouleversante. Peu de pédale pour Beethoven, un peu plus, mais modérée pour Schumann et le Carnaval qui apparaît avec tous ses scintillements, toutes ses folies et toutes ses profondeurs. L'approche est étonnante quant au rapport avec le clavier, fait de fulgurances et de pudeurs, avec des violences que personne n'ose ici et des abandons que personne ne connaît. C'est le Carnaval comme on ne l'a jamais entendu, mais qui d'autre pouvait oser ? L'opulente troisième sonate de Brahms occupait toute la deuxième partie du concert et là , comme dans la Tempête, on admire le travail de construction, lui aussi très inhabituel dans sa liberté. Kissin ne suit pas ce que l'on pourrait considérer comme la logique dans la mise en valeur des thèmes et des développements, mais il montre ce qu'il aime, ce qu'il juge adéquat et nous fait par là même entendre bien des éléments que l'on n'entend jamais. Il trouve en outre un son plus large, plus ample, avec davantage de pédale, ce qui convient parfaitement à la musique de Brahms et à ses structures, et il sait que ce romantisme-là n'est plus celui des emportements irraisonnés, mais qu'il est porteur, encore plus que celui de Schumann, d'une sensibilité lourde d'arrières pensées intellectuelles et littéraires. Aucun doute, Kissin ouvre à l'interprétation des portes par lesquelles s'engouffreront plus d'un pianiste du troisième millénaire.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 25/04/2000 Gérard MANNONI |
| Récital de Yevgueni Kissin au Théâtre des Champs Elysées, Paris. | Récital Yevgueni Kissin
Oeuvres de Beethoven, Schumann, Brahms. | |
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