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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Récital de Yevgueni Kissin au Théâtre des Champs Elysées, Paris.

Kissin, la tornade rĂŞveuse
© Bette Marshall

© Bette Marshall

Yevgueni Kissin est une nouvelle fois passé par Paris. Toujours perdu dans ses rêves, le pianiste russe, qui approche maintenant la trentaine, reste un phénomène unique dans le monde musical. Une stature qui n'en finit pas de prendre de l'importance.
 

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 25/04/2000
GĂ©rard MANNONI
 



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  • On se rend compte peu Ă  peu qu'au-delĂ  du phĂ©nomène " enfant prodige " qui fascina les foules, Kissin est un rĂ©volutionnaire du piano comme le fut en son temps Richter. Il ne joue rien comme les autres et son approche de l'instrument est totalement personnelle car il se comporte librement, comme si aucune tradition n'existait dans l'interprĂ©tation des diffĂ©rents compositeurs qu'il aborde. Il porte son jugement sur les ¦uvres, non sans excès parfois, notamment dans les tempi rapides, et ne se rĂ©fère Ă  rien d'autre qu'Ă  son analyse et Ă  son tempĂ©rament. D'oĂą une certaine dĂ©route chez ceux qui pensent que Beethoven doit se jouer comme ci, Schumann commença. TraitĂ©e par Kissin, la sonate La TempĂŞte devient une course Ă  l'abĂ®me, souvent haletante et Ă©tourdissante, mais traversĂ©e de pauses oĂą la rĂŞverie prend le temps de se dĂ©velopper, dans des demi-teintes admirables, avec un phrasĂ© d'une dĂ©licatesse soudainement bouleversante. Peu de pĂ©dale pour Beethoven, un peu plus, mais modĂ©rĂ©e pour Schumann et le Carnaval qui apparaĂ®t avec tous ses scintillements, toutes ses folies et toutes ses profondeurs. L'approche est Ă©tonnante quant au rapport avec le clavier, fait de fulgurances et de pudeurs, avec des violences que personne n'ose ici et des abandons que personne ne connaĂ®t. C'est le Carnaval comme on ne l'a jamais entendu, mais qui d'autre pouvait oser ? L'opulente troisième sonate de Brahms occupait toute la deuxième partie du concert et lĂ , comme dans la TempĂŞte, on admire le travail de construction, lui aussi très inhabituel dans sa libertĂ©. Kissin ne suit pas ce que l'on pourrait considĂ©rer comme la logique dans la mise en valeur des thèmes et des dĂ©veloppements, mais il montre ce qu'il aime, ce qu'il juge adĂ©quat et nous fait par lĂ  mĂŞme entendre bien des Ă©lĂ©ments que l'on n'entend jamais. Il trouve en outre un son plus large, plus ample, avec davantage de pĂ©dale, ce qui convient parfaitement Ă  la musique de Brahms et Ă  ses structures, et il sait que ce romantisme-lĂ  n'est plus celui des emportements irraisonnĂ©s, mais qu'il est porteur, encore plus que celui de Schumann, d'une sensibilitĂ© lourde d'arrières pensĂ©es intellectuelles et littĂ©raires. Aucun doute, Kissin ouvre Ă  l'interprĂ©tation des portes par lesquelles s'engouffreront plus d'un pianiste du troisième millĂ©naire.




    Théâtre des Champs-Élysées, Paris
    Le 25/04/2000
    GĂ©rard MANNONI

    Récital de Yevgueni Kissin au Théâtre des Champs Elysées, Paris.
    RĂ©cital Yevgueni Kissin
    Oeuvres de Beethoven, Schumann, Brahms.

     


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