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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Mariss Jansons et le Philharmonique de Saint-Pétersbourg au Théâtre des Champs Elysées, Paris.
Jansons, heureux transfuge Ă Oslo
Après le Philharmonique de Saint Pétersbourg, voici Oslo. Le Théâtre des Champs-Élysées a accueilli le Philharmonique de la capitale norvégienne, avec à sa tête Mariss Jansons, transfuge de Saint Pétersbourg. Une confrontation instructive.
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À une semaine d'intervalle, ces deux grandes formations sont passées par Paris, occasion de les comparer d'autant plus intéressante que Mariss Jansons a longtemps présidé aux destinées du Philharmonique de Saint Pétersbourg aussi. Il est apparu clairement que Saint Pétersbourg l'emporte nettement par sa forte personnalité, tandis qu'Oslo est moins étonnant en tant qu'instrument, mais a bénéficié d'une direction exceptionnelle. À cinquante-six ans, Jansons reste sans aucun doute un des meilleurs chefs actuels, de ceux qui savent vraiment faire de la musique sans chercher à se mettre en valeur personnellement, sans chercher à créer l'effet de surprise par quelques options farfelues. Il va au fond des partitions, avec une sincérité absolue et un jugement sûr. Tout débutait par la rare Fantaisie symphonique d'après La Femme sans ombre, de Richard Strauss, beaucoup moins souvent jouée que celle du Chevalier à la rose. C'est une page puissante, faisant appel à toutes les possibilités de l'orchestre, et exploitant essentiellement les thèmes liés à Barak et à la Teinturière. En écoutant cette interprétation, on ne se dit pas d'abord : "quel orchestre exceptionnel !" On songe plutôt : "c'est exactement comme cela que cette musique doit être jouée". Même exclamation avec la première symphonie de Brahms en deuxième partie, qui permit en outre d'apprécier les qualités de chef de pupitre du violon solo, Stig Nilsson. C'est du Brahms comme on rêve de l'entendre, brassé avec ce qu'il faut d'emportement et d'austérité, le phrasé généreux et naturel, chaque pupitre mis en valeur dans un équilibre idéal, en particulier dans les subtilités du deuxième mouvement. Après la Suite Symphonique de Strauss, Barbara Bonney interpréta cinq mélodies de Grieg, quatre très connues, les deux Lieder de Solveig, Un Cygne et Printemps, et une qui l'est beaucoup moins, Fra Monte Pincio qui évoque les belles couleurs d'un coucher de soleil à Rome. Epouse du baryton Hakan Hagegard, Barbara Bonney possède le norvégien avec la même perfection que l'art du chant. La voix a gagné un peu de corps, elle est légèrement moins moelleuse, mais quelle maîtrise du souffle, des pianissimos et quelle beauté de timbre ! Une leçon de chant et de poésie. En bis, elle chanta une très attachante mélodie d'Alfven. Seule ombre à cette soirée d'une si gratifiante tenue musicale, le deuxième " bis " de l'orchestre, l'ultime mouvement de la suite de l'Arlésienne de Bizet, enlevé comme une charge de grenadiers ! Mais on pardonne volontiers ce faux pas stylistique après tant de moments inspirés.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 02/04/2000 Gérard MANNONI |
| Mariss Jansons et le Philharmonique de Saint-Pétersbourg au Théâtre des Champs Elysées, Paris. | Œuvres de Strauss, Brahms et Grieg
Orchestre Philharmonique d'Oslo
Mariss Jansons, direction
Barbara Bonney, soprano | |
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