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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Concert de l'Orchestre de Paris sous la direction de Christoph Eschenbach au Théâtre Mogador, Paris.

D'une pierre deux coups

En marge des cycles du Ring au Châtelet, l'Orchestre de Paris trouve encore le temps de fêter à la fois Chostakovitch et Mozart, dont on célèbre respectivement les centenaire et quart de millénaire de la naissance. Avant un beau Requiem de Mozart, un Concerto pour violon de Chostakovitch desservi par un Gidon Kremer en toute petite forme.
 

Théâtre Mogador, Paris
Le 07/02/2006
Yannick MILLON
 



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  • En cette annĂ©e 2006, pas une formation qui ne fĂŞte le 250e anniversaire de la naissance de Mozart. On a tendance Ă  l'oublier, mais c'est aussi le centenaire de Chostakovitch, beaucoup plus discret car nettement moins mĂ©diatisĂ©. L'Orchestre de Paris, lui, aura fait d'une pierre deux coups en cĂ©lĂ©brant les deux compositeurs dans la mĂŞme soirĂ©e.

    Dans le créneau esthétique du 2e concerto pour violoncelle, le 2e concerto pour violon du compositeur russe ne compte pas parmi ses oeuvres les plus accessibles, en raison de ses ruptures abruptes et de ses soudains revirements de climat qui lui donnent un sentiment d'étrangeté, d'inquiétude sourde. L'Orchestre de Paris s'affirme décidément comme l'une des grandes formations chostakoviennes de l'ouest, excellant dans la précision rythmique, l'orfèvrerie mécanique, l'acuité des timbres de l'auteur du Nez.

    On se souvient de l'époustouflante 6e symphonie dirigée par Kurt Sanderling à Pleyel en avril 1999, on se souvient aussi de la ténébreuse 15e symphonie par Claus Peter Flor ici même à l'automne. Ce soir, le Finale, notamment, renoue avec cette excellence. Dommage que Gidon Kremer, absorbé par une partition qu'il ne quitte à aucun moment des yeux, très raide dans sa posture, rêche de sonorités, n'ait jamais été aussi fâché avec la justesse et fébrile à s'en effacer derrière les sonorités tranchantes de l'orchestre, mené tambour battant par un Eschenbach des grands jours.

    En deuxième partie, les options du chef allemand dans Mozart ne manquent pas d'étonner. On avait imaginé un Requiem à l'ancienne (ou à la moderne si l'on préfère), aux effectifs pléthoriques, aux phrasés romantisants et aux tempi retenus. Que nenni ! Si le choeur affiche un effectif traditionnel, Eschenbach se limite dans l'orchestre à quatre contrebasses, et n'est pas sans ignorer la musicologie – édition Franz Beyer ; timbales en peau ; attaques des solistes non vibrées dans le Recordare ; Introït, Hostias, Agnus dei relativement allants et Lacrimosa bien à quatre temps ; surpointage adéquat du Rex tremendae ; Dies irae et Sanctus très rapides.

    Le chef traditionnel resurgit parfois – cuivres et timbales souvent sous l'étouffoir ; fugues phrasées à plat ; vibrato des cordes parfois généreux – et les cinquante minutes de ce Requiem ne vont pas sans anicroches – trombone solo hésitant ; timbale aiguë accordée trop bas ; point d'arrêt superflu après homo reus dans le Lacrimosa ; quatuor de solistes sans grâce, n'était l'alto de Nathalie Stutzmann – mais l'ensemble se tient, témoignant même souvent d'une belle ferveur, sobre, sans excès – les somptueuses sonorités maçonniques des vents dans le Benedictus.

    Pour compter une centaine d'intervenants, le Choeur de l'Orchestre de Paris évite habilement l'outrance des décibels – le triple appel initial du Rex, idéalement dosé – et n'était une technique encore un peu fraîche – les aigus parfois ouverts des ténors –, la polyphonie est parfaitement lisible, la plastique conforme à ce qu'on attend dans le Requiem aujourd'hui, en tout cas bien supérieure à celle des grands choeurs souvent abîmés par l'opéra.




    Théâtre Mogador, Paris
    Le 07/02/2006
    Yannick MILLON

    Concert de l'Orchestre de Paris sous la direction de Christoph Eschenbach au Théâtre Mogador, Paris.
    Dimitri Chostakovitch (1906-1975)
    Concerto pour violon et orchestre n° 2 en ut# mineur, op. 129 (1967)
    Gidon Kremer, violon

    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Requiem (Version de Franz Beyer) (1791)
    Sally Matthews, soprano
    Nathalie Stutzmann, alto
    John Mark Ainsley, ténor
    Franz-Josef Selig, basse
    Choeur de l'Orchestre de Paris
    préparation : Didier Bouture & Geoffroy Jourdain

    Orchestre de Paris
    direction : Christoph Eschenbach

     


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