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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l'Orchestre national de France sous la direction de Jukka-Pekka Saraste, avec la participation du pianiste Boris Berezowski au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Foisonnement coloriste au National
Jukka-Pekka Saraste
Avec Dutilleux, Prokofiev et Moussorgski-Ravel, Jukka-Pekka Saraste aura fait vibrer et jaillir les couleurs de l'Orchestre national de France. Une direction élégante, une lecture incisive, des timbres éblouissants, le Finlandais s'impose comme un maître de la couleur auquel prête un concours tout aussi précieux le pianiste Boris Berezowski.
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C'est par l'une des plus belles oeuvres d'Henri Dutilleux, Timbres, Espace, Mouvement, que Jukka-Pekka Saraste démarre ce concert dans un TCE plein à craquer. Et sous le regard attentif de son compositeur qui célèbre cette année ses quatre-vingt-dix ans. Une introduction hiératique, mystérieuse, plantant le décor de cette Nuit étoilée, le chef-d'oeuvre de Van Gogh dont est inspiré la partition.
« La Nuit Etoilée m'a toujours fasciné. Je me suis dit qu'en partant de cette toile, je pourrais tenter un rapprochement dans le domaine sonore, rechercher une forme, mais surtout un matériau instrumental inusité, en relation avec l'étrange impression de vertige et d'espace cosmique que dégage cette toile ». Ainsi Dutilleux évoque-t-il la genèse de sa pièce. Le chef finlandais juxtapose les plans sonores et les laisse s'évaporer dans l'espace. La masse des cordes graves s'oppose au miroitement lumineux des cuivres et des bois. Les accents rythmiques sont autant d'étoiles qui jaillissent de cette nuit que forme un halo sonore du reste de l'orchestre. Une lecture très pertinente même peut-être un rien trop symphonique.
Ces jaillissements de couleurs constituent une excellente entrée en matière avant le 2e concerto pour piano de Prokofiev où sitôt assis devant l'instrument, Boris Berewozski pose ses mains sur le clavier avec une sûreté et une concentration à couper le souffle. Pour lui, pendant le silence qui précède les premiers sons, la pièce a déjà commencé. Il y entre directement et jusqu'à la dernière note, l'interprétation va privilégier le contraste : de la lumière au vif-argent, les couleurs sont tranchées au couteau, les nuances des coups de scalpel dans une toile : des plus brutes aux plus douces. Un jeu sans concession, sans sentimentalisme, d'une expressivité qui réside dans la vigueur. Le geste du pianiste russe se fait saillant, sa rythmique percussive, son toucher parfois âpre. Avant de basculer à d'autres moments dans la plus déchirante mélancolie.
Des Tableaux rutilants et jubilatoires
Les Tableaux d'une exposition de Moussorgski concluent à merveille un programme foisonnant en couleurs. Le chef continue sur le succès du concerto de Prokofiev et affiche une décontraction étonnante. Les timbres sont rutilants, l'orchestre jubile, les phrases se font souples, les archets joyeux, les cuivres chatoyants. Si l'orchestration de Ravel contribue à la réussite de ces Tableaux par son raffinement et ses options timbriques, le talent de Saraste est quant à lui de toujours bien différencier les pupitres, d'étager les sonorités, avec une finesse qui met tant en valeur cet incontournable de la musique russe.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 26/01/2006 Pauline GARAUDE |
| Concert de l'Orchestre national de France sous la direction de Jukka-Pekka Saraste, avec la participation du pianiste Boris Berezowski au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Henri Dutilleux (*1916)
Timbres, Espace, Mouvement, ou la Nuit étoilée
Sergei Prokofiev (1891-1953)
Concerto pour piano et orchestre n° 2 en sol mineur, op. 16
Boris Berezowski, piano
Modeste Moussorgski (1839-1881)
Tableaux d'une exposition
(Orchestration de Maurice Ravel)
Orchestre National de France
direction : Jukka-Pekka Saraste | |
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