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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Deux concerts dédiés à Heinrich Schütz
Schütz : droit de cité pour un pionnier
Un week-end entier
consacré à Heinrich Schütz, l'initiative de la Cité de la Musique se doit être
saluée avec chaleur. Les mérites du Sagittarius (c'était là son nom latinisé, selon
l'usage de l'époque) ont en effet trop longtemps pâti de la figure écrasante de
Bach, trop longtemps considéré à sa place comme le père de la musique
allemande.
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Cité de la Musique, Paris
Le 20/11/1999
Roger TELLART
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Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
[ Tous les concerts ]
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C'est à Venise que le jeune Schütz, sans renier son ancrage dans la tradition luthérienne découvrit les fastes sonores et la palette de couleurs de la polychoralité gabrielienne. Une révélation qui aura un rôle décisif dans sa carrière de maître de chapelle à la cour de Dresde, et que complétera, vingt ans plus tard, un travail sur les avancées de la modernité en musique à l'écoute de la monodie montéverdienne.
À la Cité, faute de temps, le parcours dans l'oeuvre de Schütz se limitait aux compositions nées du premier séjour vénitien, auprès du cadet des Gabrieli. En tout cas, le temps fort de ces journées aura été le concert du Cantus Cölln qui plaidait avec flamme le dossier des Psaumes de David, ce recueil hymnique et festif, publié en 1619 à Dresde, mais tout entier sous l'influence, disons spatiale, de ses modèles vénitiens.
On sait que l'ensemble rhénan est actuellement à la pointe du combat musicologique dans le réveil du répertoire du Haut-Baroque, avec une fixation bienheureuse sur l'Orpheus Germanicus (comme l'appelaient encore ses contemporains). Des options qui privilégient une vocalité à la fois incisive et allégée où se remarquaient, entre autres, le soprano libéré de Johanna Koslowski et le souple ténor de Gerd Türck. Cependant que le bonheur acoustique de l'auditeur était conforté par la virtuosité sans faille des instruments du Concerto Palatino, compagnons de toujours de l'équipe dirigée par Konrad Junghänel ; lequel est au fait de tous les secrets de ce répertoire fondateur de l'identité allemande.
Le lendemain, la prestation plus intimiste autour des Madrigaux italiens révêlaient une belle intelligence dramatique du texte malgré une prononciation italienne perfectible. Dommage que le concert fût légèrement oblitéré par un accompagnement au luth inutilement percussif et une justesse vocale perfectible du côté des voix masculines.
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Cité de la Musique, Paris Le 20/11/1999 Roger TELLART |
| Deux concerts dédiés à Heinrich Schütz | Concerto Palatino
Direction : Bruce Dickey
Cantus Cölln
Direction : Konrad Junghänel | |
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