|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
|
Récital de la mezzo-soprano Angelika Kirchschlager accompagnée au piano par Helmut Deutsch au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Angelika au faîte de sa maturité
Silhouette de star hollywoodienne des années 1940, aisance scénique, moyens vocaux au meilleur de leur forme, Angelika Kirchschlager était venue, avenue Montaigne, pour séduire. Pari tenu pour la belle Autrichienne, dans un programme sérieux qui décline tous les atouts d'une maturité assumée.
|
|
Bons baisers d’Eltsine
Régal ramiste
L'Étrange Noël de Mrs Cendrillon
[ Tous les concerts ]
|
Quelques visages connus, ce mercredi soir, ont déserté la première, à l'Opéra, de Simon Boccanegra, pour assister, au Théâtre des Champs-Élysées, au récital d'Angelika Kirschschlager. C'est dire si Paris prise la mezzo salzbourgeoise, connue notamment pour ses emplois mozartiens. Ce soir, c'est d'une très large palette romantique qu'il est question, étendue sur presque deux siècles, de Haydn à Poulenc.
Dans les Canzonette de Joseph Haydn, mélodies mondaines appartenant à la période anglaise du compositeur, l'influence mozartienne est patente, et dans l'écriture, et dans l'interprétation tour à tour charmante, sensible, enjouée ou méditative. La Kirchschlager qui chante ici est celle de Chérubin, de Dorabella et d'Idamante.
Avec Grieg, on aborde un répertoire sinon allemand, du moins sous influence germanique. Dans sa langue natale, la mezzo donne toute l'étendue de son talent. Musicalité sans défaut, articulation aisée et naturelle, émission puissante sans excès sont au service d'un chant plein et rond, à l'apogée de son talent.
Mais c'est encore avec les Sechs Gesänge de Brahms que l'affinité de la chanteuse semble la plus évidente. Dans la fluidité et la simplicité de la ligne mélodique qui caractérisent les lieder brahmsiens, dans leur dynamique toute singulière, Angelika Kirchschlager trouve la liberté qui permet à une interprétation personnelle de s'épanouir, dans une alternance bien germanique de grande joie et de sombre tragique.
On ne peut en dire autant, malheureusement, de la musique de Francis Poulenc. Le style français, en effet, avec son raffinement mélodique, son ironie légère, sa fantaisie mélancolique, ne parvient guère, ce soir, à un modus vivendi satisfaisant avec l'âme viennoise. Une prononciation déplorable (le « vent d'ouest » devient ici vent d'est), au demeurant, n'est pas pour rien dans le fait que la chanteuse reste définitivement étrangère à un répertoire qui accorde une telle importance au texte et à sa diction.
Retour en territoire Mitteleuropa avec sept lieder de Franz Liszt – même si les trois premiers sont encore des Mélodies françaises. À nouveau, et définitivement dans son jardin, se déploie ici la musicalité admirable, l'émotion et la poésie d'une voix qui tient toutes les promesses de sa maturité.
| | |
|
Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 03/05/2006 Anne-Béatrice MULLER |
| Récital de la mezzo-soprano Angelika Kirchschlager accompagnée au piano par Helmut Deutsch au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Joseph Haydn (1732-1809)
The Mermaid's Song
A Pastoral Song
She never told her love
Fidelity
Edvard Grieg (1843-1907)
Gruss
Dereinst, Gedanke mein
Lauf der Welt
Die Verschwiegene Nachtigall
Zur Rosenzeit
Ein Traum
Johannes Brahms (1833-1897)
Spanisches Lied
Therese
Gang zur Liebsten
Von ewiger Liebe
Francis Poulenc (1899-1963)
Chanson d'Orkenise
Hôtel
Fagnes de Wallonie
Voyage à Paris
Sanglots
Franz Liszt (1811-1886)
S'il est un charmant gazon
J'ai perdu ma force et ma vie
Oh ! quand je dors
Vergiftet sind meine Lieder
Der du von Himmel bist
Ãœber allen Gipfeln
Die drei Zigeuner
Angelika Kirchschlager, mezzo-soprano
Helmut Deutsch, piano | |
| |
| | |
|