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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Concert symphonique de l'Orchestre de l'Opéra national de Paris sous la direction de Sylvain Cambreling au Palais Garnier, Paris.

Recherche orchestre désespérément

Ce programme de l'Orchestre de l'Opéra de Paris sous la direction de Sylvain Cambreling s'annonçait fort intéressant, avec la rencontre de deux grandes partitions – la Grande messe en ut mineur de Mozart et la 4e symphonie de Bruckner. Résultat pour le moins mitigé à l'arrivée, avant tout en raison d'un orchestre peu concerné.
 

Palais Garnier, Paris
Le 16/05/2006
Yutha TEP
 



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  • On pourrait dire que cette soirĂ©e s'est dĂ©roulĂ©e selon une dialectique attente-dĂ©ception un brin systĂ©matique. Ainsi d'abord du cĂ©lèbre Tölzer : malgrĂ© l'acoustique difficile du Palais Garnier concernant les voix d'enfants, le Tölzer a vaillamment dĂ©fendu son honneur, l'ardeur de ses plus jeunes membres soutenant un son riche et dĂ©nuĂ© de la blancheur qu'on entend souvent. Mais ce n'est pas lui faire injure que d'affirmer que la Grande messe en ut mineur est une partition qui dĂ©passe quelque peu ses capacitĂ©s, notamment dans le gigantesque Cum Sancto Spiritu et son Ă©criture fuguĂ©e redoutable.

    Du quatuor de solistes, on note la facilité lumineuse d'Ekaterina Syurina – qui devrait cependant surveiller ses fins de notes – et la prestation bien médiocre de Christiane Oelze – le bas-médium et les graves manquent singulièrement de chair, sans parler de vocalises souvent difficiles. Du coté des hommes, Xavier Mas confirme la beauté de son timbre alors que la basse Ilya Bannik ne marque guère les esprits dans sa courte intervention du Benedictus.

    Mais c'est en définitive du côté de l'orchestre que la déception est la plus grande. La direction de Sylvain Cambreling n'est pas réellement en cause. On y décèle bien quelques raideurs, notamment dans les numéros pour solistes, engendrées par une volonté louable mais trop appuyée d'insuffler sa vitalité rythmique à la radieuse messe mozartienne et de la dégraisser au passage. Mais dès le Kyrie initial – une entrée du choeur soutenue de manière pour le moins chaotique –, la tenue orchestrale soulève des inquiétudes à peine calmées par la suite de la première partie.

    Un Orchestre de l'Opéra bien peu concerné

    L'Orchestre de l'Opéra nous a suffisamment ravi par le passé pour que l'on soit en droit de lui opposer l'exigence la plus impitoyable. Apparemment peu concerné, il multiplie surtout des approximations – notamment aux violons – qui finissent par agacer, plus d'ailleurs dans la cohésion que dans la justesse à proprement parler.

    Visiblement mieux préparée dans la 4e symphonie de Bruckner, la phalange parisienne ne déploie pas non plus la superbe attendue. Quelques moments fort beaux ne rachètent pas les nombreuses imprécisions qui émaillent la prestation globale. Premiers et seconds violons se cherchent fréquemment, la disposition de part en d'autre du chef se révélant impitoyable à cet égard, et le Scherzo met pour sa part l'accent sur les hésitations rythmiques.

    Dans ces conditions, on peut seulement deviner les intentions de Cambreling, dont on peut ne pas être d'accord avec la trop grande retenue de la battue, les grandes constructions en arche de Bruckner demandant à être couronnées de tutti plus glorieux. Mais la gestion des va-et-vient de la musique, ses trajectoires capricieuses sont très habilement conduites. Et l'attitude d'humilité attentive face à une telle partition est en soi une qualité.

    Sylvain Cambreling est un très bon chef, il l'a montré à plusieurs reprises durant les deux dernières saisons et, malgré quelques échecs récents, qu'on nous permette de trouver injustes les huées qu'il essuie fréquemment à l'issue des représentations et la cabale dont il est victime depuis plusieurs semaines. L'Orchestre de l'Opéra de Paris est aussi une phalange somptueuse pour peu qu'elle s'en donne la peine. Il est en conséquence permis de se demander ce qui ne colle plus entre les musiciens et le chef français, et de souhaiter vivement qu'ils se retrouvent le plus tôt possible.




    Palais Garnier, Paris
    Le 16/05/2006
    Yutha TEP

    Concert symphonique de l'Orchestre de l'Opéra national de Paris sous la direction de Sylvain Cambreling au Palais Garnier, Paris.
    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Grande messe en ut mineur, K. 427
    Ekaterina Syurina, soprano I
    Christiane Oelze, soprano II
    Xavier Mas, ténor
    Ilya Bannik, basse
    Tölzer Knabenchor
    direction : Gerhard Schmidt-Gaden

    Anton Bruckner (1824-1896)
    Symphonie n°4 en mib majeur, « Romantique Â»

    Orchestre de l'Opéra national de Paris
    direction : Sylvain Cambreling

     


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