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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Nouvelle production du Barbier de Séville de Rossini mise en scène par Jérôme Savary et sous la direction de John Nelson à l'Opéra-Comique.
Un Barbier sur mesure
Point d'orgue à son avant-dernière saison à l'Opéra-Comique, Jérôme Savary programme un pilier absolu du répertoire de la Salle Favart : le Barbier de Séville. De l'avantage de remettre encore sur le métier un ouvrage si souvent tissé : s'en dégage une roborative authenticité, consolant de la factice inventivité qu'on croise un peu trop sur les scènes d'opéra.
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Complicité artistique
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Hommage au réalisme poétique
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Allez savoir pourquoi : ce Barbier de Séville ne se déroule ni dans une arrière-cuisine, ni dans un hôpital psychiatrique
ni sous quelque dictature d'Amérique du Sud ! Un Barbier de Séville à Séville, vers la fin de l'Ancien Régime.
Un décor – Serge Marzolff –, des costumes – Jacques Schmidt et Emmanuel Peduzzi – classiques et gracieux sans être poussiéreux, une distribution efficace, concernée, vocalement et scéniquement engagée, un orchestre et un chef – l'Ensemble Orchestral de Paris et John Nelson – qui, pour être aujourd'hui dans la fosse, ne perdent rien du dynamisme et de l'enthousiasme qu'on leur connaît sur scène, il n'en faut pas plus pour donner une production satisfaisante à tous égards.
Il faut d'abord réserver un hommage au formidable Michel Trempont qui, très largement à l'âge de la retraite, reste un acteur hors pair et campe un Bartolo plein de verve et de poésie. Le personnage, à la limite, ne se prend pas lui-même au sérieux et devient, comme le suggère la mise en scène, quasiment le chef d'orchestre de la comédie.
Tout juste si ce n'est pas lui qui souffle ses stratagèmes à Figaro
lequel sous les traits du baryton canadien Jean-François Lapointe fait preuve d'une santé vocale à toute épreuve. Sans doute n'est-il pas spécialiste de la nuance, mais sa puissance fait frémir d'aise non seulement sa Rosine, mais tout le vieil Opéra-Comique
Rosine un peu en retrait de Delphine Haidan – mais, peut-être la mezzo est-elle capable d'un plus complet engagement. Quoiqu'il en soit, le charme et la jeunesse de la comédienne font mouche face à un Almaviva un peu lourd, néanmoins de timbre agréable – Florian Laconi. À souligner encore, le remarquable Basilio de Vincent Le Texier, lui aussi comédien autant que chanteur.
En somme, un spectacle de qualité et de bon aloi, où l'opéra sait être populaire sans être vulgaire, classique sans être ennuyeux. On ne saurait rêver meilleure introduction au genre.
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