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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise de la Damnation de Faust de Berlioz dans la mise en scène de Robert Lepage et sous la direction de Patrick Davin à l'Opéra de Paris.
Un Berlioz toujours flamboyant
Reprise de la très belle production de la Damnation de Faust de 2001 avec deux des principaux interprètes d'alors. Un spectacle qui n'a rien perdu de son impact ni de son originalité et une interprétation qui pâtit un peu d'une direction orchestrale plus consciencieuse que véritablement inspirée.
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La Damnation de Faust reste l'une des partitions les plus difficile à mettre en scène de tout le répertoire, c'est bien connu. Sa structure bizarre pourrait la rapprocher davantage d'un oratorio que d'un opéra, mais en même temps, il y est question de tant de choses extraordinaires à voir, que la représentation s'impose. Bref, le pari est irrésistible mais dangereux.
Les solutions proposées par Robert Lepage et son équipe au Japon en 1999 puis ici même en 2001, impressionnent toujours par leur originalité, leur intelligence et leur indiscutable adéquation au sujet. C'est beau, efficace, troublant, aussi délirant que le romantisme exacerbé du texte et de la musique. On y trouve à la fois une grande unité de ton et une réelle diversité d'images, avec notamment les interventions des acrobates, successivement Christs ou démons, voire militaires remontant le décor à la verticale. Les effets sont toujours en situation et réalisés de manière parfaite.
Et puis, on retrouve certaines visions particulièrement marquantes, comme ce rideau de feu sur lequel se détache Marguerite pendant D'amour l'ardente flamme. Facile, dira-t-on ? Peut-être, mais encore faut-il le réussir de cette manière. Il y aurait bien d'autres exemples à citer, car l'idée de ces caissons qui découpent la scène sur toute sa hauteur fournit maintes possibilités que le metteur en scène utilise avec une imagination foisonnante.
Le chef belge Patrick Davin dirige cette musique aux immenses beautés avec lucidité, précision, mais sans parvenir à lui donner l'élan qui pourrait galvaniser le plateau. Et pourtant, l'orchestre sonne comme à ses meilleures heures. On sent bien que toute notre école instrumentale est encore fondée sur les principes de cette écriture somptueuse. Les choeurs aussi déploient les mille facettes du travail excellent accompli sous la houlette de Peter Burian, et l'on sait qu'ici, ils sont mis à rude épreuve.
Giuseppe Sabbatini retrouve le rôle de Faust qu'il avait déjà tenu en 2001. La voix a de la vaillance et de l'éclat, même si elle paraît un peu lointaine en début de représentation et le personnage est bien conçu, théâtralement autant que musicalement. José Van Dam est toujours Méphisto, grande allure et abattage incomparable. La voix reste solide, bien timbrée dans l'ensemble et le texte bénéficie d'une diction remarquable. Et quelle musicalité, quelle maîtrise de l'art du chant !
Impeccable Brander de Christophe Fel et une nouvelle venue pour Marguerite, en la personne de la jolie Michelle DeYoung. Après une Ballade du Roi de Thulé tremblotante et incertaine, l'Américaine prodigue de beaux moments dans ses interventions ultérieures, sans que la voix trouve une stabilité permanente. Et ce type d'émission tout à fait typique de l'école anglo-saxonne actuelle, paraît assez peu en osmose avec la technique très italienne de Sabbatini et la démonstration magistrale de Van Dam.
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