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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Création mondiale de Peter Pan de Patrick Burgan au Théâtre Zingaro d'Aubervilliers dans le cadre de la programmation du Théâtre du Châtelet, Paris.
Pour les jeunes et les moins jeunes
Comme chaque saison, le Châtelet propose un spectacle jeune public qui a le mérite de ne pas se cantonner au jeune public. Dans le cadre du Théâtre Zingaro d'Aubervilliers, le Peter Pan de Patrick Burgan manie avec maestria féerie, humour et raffinement musical, dispensant des saveurs que les moins jeunes des spectateurs n'ont certainement pas manqué de percevoir.
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Théâtre Zingaro, Aubervilliers
Le 21/05/2006
Yutha TEP
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La seule petite réserve de ce Peter Pan de Patrick Burgan pourrait concerner une certaine volonté de ne pas verser dans une simplicité excessive sous prétexte de jeune public. Le livret, en particulier, signé du compositeur lui-même, se conforme à l'intention louable de suivre au plus près l'oeuvre éponyme de James Matthew Barrie, maintenant une incertitude bienvenue entre rêve et réalité.
Certaines répliques trop ouvertement philosophiques ou morales – comme le Je suis la vie, tu es la mort de Peter Pan à Crochet – peuvent paraître déplacées, non tant pour leur valeur intrinsèque qu'en raison du contraste trop fort qu'ils apportent à la teneur générale du livret. De même, la longueur totale du spectacle – près de deux heures – peut sembler excessive et un resserrement supplémentaire aurait donné encore plus de vitalité à cette fantaisie lyrique par ailleurs menée tambour battant.
Pour le reste, c'est un divertissement à déguster sans retenue où trois mondes se côtoient sans heurt : celui de Wendy âgée incarnée avec truculence par Marie-Christine Barrault narrant ses aventures passées à Lucie, sa petite fille ; celui de Wendy enfant aux prises avec la mésentente déclarée entre ses parents ; enfin le monde magique de Peter Pan.
La mise en scène d'Isabelle Partiot tire le meilleur parti de l'arène circulaire de Zingaro, jouant d'effets de lumière d'une plasticité remarquable, préservant l'imaginaire à la Walt Disney sans toutefois y sacrifier de manière indue. Signalons aussi les décors, très beaux et fort ingénieux, d'Isabelle Partiot également, qui font passer le public de manière fluide d'un univers à l'autre.
Clins d'œil aux grands courants du XXe siècle
La partition de Patrick Burgan fait preuve, pour sa part, d'un métier consommé. Organisées en multiples clins d'œil à la plupart des grands courants esthétiques du XXe siècle – notamment l'impressionnisme –, les séquences musicales ne renoncent nullement à la sophistication d'écriture, les sirènes faisant même leurs entrées dans un monde tonal pour le moins incertain.
L'utilisation des timbres instrumentaux, en particulier, est presque toujours judicieuse. C'est tout le mérite de Claire Gibault d'avoir su maintenir, de bout en bout, cette fluidité de la texture sans rien renoncer à une vitalité réjouissante, avec une science des couleurs qu'on aimerait entendre dans des partitions plus connues.
Rien à redire de la prestation de l'Orchestre du CNR de Paris réuni pour l'occasion. Les jeunes membres du Choeur Sotto Voce – qui fournit aussi les solistes enfants – de Scott Alan Prouty confirment une excellence désormais bien connue du public parisien, le renfort de diverses chorales de l'Académie de Paris se faisant très efficacement. Côté adulte, on aura apprécié la fée Clochette jalouse et un brin hystérique de Gaële Le Roi qui assume crânement des vocalises pas forcément aisées (elle campe aussi la mère de Wendy), de même que la voix bien timbrée et la diction parfaite de Marc Barrard.
Tel quel, ce Peter Pan fonctionne sans anicroche et on souhaiterait le revoir dans toutes les villes de France car grands comme petits y trouvent assurément leur compte.
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