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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Sylvain Cambreling crée Michael Jarrell
La clarinette assonante de Michaël Jarrell
En ouverture d'un concert de musique française, comme il les aime, Sylvain Cambreling a créé la dernière oeuvre de Michaël Jarrell, un des jeunes compositeurs européens de pointe, radical de pensée, autrichien de séduction, suisse de précision et français de rigueur et de goût.
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À l'Orchestre de Paris, on a surtout entendu Sylvain Cambreling dans Berlioz et Debussy, mais on le sait également à son aise avec un opéra de Mozart, le Pelléas de Debussy, Erwartung de Schoënberg, voire une création de Berio ou de Boesmans. Vu son passé, son éducation et l'évolution de sa carrière, Michael Jarrell est aussi " international " que Cambreling. Les deux hommes paraissaient donc faits pour s'accorder, mais je ne m'attendais pas à ce que la complicité aille aussi loin et que Cambreling sache aussi bien révéler ce que Jarrell avait souhaité inscrire dans les fibres de sa partition.
Tout dans cette Assonance XI de Jarrell fait la part belle à la clarinette inspirée de Paul Meyer. Cela s'étend du son qui devient mélodie, de l'accent qui se transforme en rythme, de la plainte qui se métamorphose en architecture symphonique, autour de cette clarinette omniprésente, toujours différente et pourtant fidèle à son essence première, toujours douloureuse. Tantôt une amorce de dialogue avec la flûte, tantôt avec la harpe, et tout à coup tout s'envole en une cadence folle, alors que bientôt le premier violon et très vite toutes les cordes décrivent un univers inquiétant, où la clarinette se perd et pourtant règne et demeure, longtemps, très longtemps.
C'est une partition étrange dans son écriture, surprenante dans ses allusions et ses références, mais d'une force bouleversante. Et Paul Meyer n'est pas étranger à l'envolée quasi mystique de l'oeuvre, ni à l'enthousiasme que cette page a suscité auprès d'un public peu habitué à ce que l'Orchestre de Paris puisse accoster des rives si lointaines mais si fascinantes. C'est aussi en définitive le prodige d'un chef qui sait lire et transmettre le talent d'un grand compositeur.
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Salle Pleyel, Paris Le 31/03/2000 Antoine Livio (1931-2001) |
| Sylvain Cambreling crée Michael Jarrell | Création mondiale d'Assonance IX de Michaël Jarrell - Le Poème de l'Amour et de la Mer de Ernest Chausson - Shéhérazade de Maurice Ravel - Jeux de Claude Debussy
Orchestre de Paris
Direction : Sylvain Cambreling
Avec Isabelle Vernet (soprano). | |
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