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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Version concert de Simon Boccanegra de Verdi sous la direction de James Levine au Festival de Verbier 2006.
Verbier 2006 :
Le retour du maître
Après plusieurs mois d'une convalescence aussi frustrante qu'importune, le monde lyrique retrouve avec soulagement le chef américain James Levine, alors qu'un quatuor d'étoiles parmi les plus brillantes des scènes internationales se retrouve, rassemblé par lui et pour lui, autour d'un ouvrage peu fréquenté de la première maturité verdienne.
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Bons baisers d’Eltsine
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La nouvelle, à la fois crève-coeur et improbable, avait consterné le milieu musical, au printemps dernier. James Levine, opéré à l'épaule droite suite à une chute banale sur scène à Boston, devait renoncer à toutes ses activités professionnelles jusqu'à l'été, soit en gros la moitié de deux saisons, celle du Metropolitan Opera où il assume toujours les fonctions de directeur musical, et celle du Boston Symphony où il a succédé à Seiji Ozawa l'an dernier.
Depuis, les spéculations sur l'état de santé réel du chef et, surtout, sur sa capacité effective à mener à terme les deux mandats qui sont les siens n'ont fait que redoubler. Un récent concert valaisan, sans faire taire les sceptiques, aura eu pour mérite de jeter un peu de lumière sur la situation. C'est un James Levine en bonne forme qui monte sur le podium, souriant, visiblement aminci, même si un tremblement notable et récurrent du côté gauche ne vient qu'alimenter un moulin à rumeurs qui tourne depuis des années.
La musique, passées ces préoccupations, est servie avec foi, avec ferveur même, par un orchestre de jeunes professionnels royalement inspirés par leur mentor estival. On ne sait qu'admirer d'abord : l'énergie vitale incomparable, fleuve bouillant de sève et de passion, qui coule de source ; ou bien la remarquable virtuosité technique, d'un niveau de fusion intellectuelle à faire pâlir bien des ensembles autrement plus établis, des deux côtés de l'Atlantique ?
Comme souvent avec Levine, on reste partagé entre une gestique minimaliste, d'une efficacité à toute épreuve, devant un sens extrême de la couleur et du poli des textures, devant une attention devenue légendaire à chaque nuance, à chaque inflexion vocale, mais aussi devant une certaine distance, organique autant que physique, entre le chef et sa propre interprétation de ce Boccanegra, qu'il fait renaître avec le concours d'une distribution qui, superlative sur le papier, ne se révélera pas plus qu'adéquate.
Le triomphe du Fiesco de Ferruccio Furlanetto
Triomphe, en tout premier lieu au Fiesco de Ferruccio Furlanetto, dont chacune des interventions est habitée de la plus profonde conviction, musicale autant que dramatique. Jordan Bisch, jeune baryton américain, fait des merveilles en Paolo Albiani ; Marcello Giordani, capable du meilleur comme du pire, est ici très en voix, avec quelques faiblesses d'émission rachetées par la plénitude et l'ampleur d'un aigu claironnant et ensoleillé qui a fait sa renommée.
Si l'on ne peut que saluer en Barbara Frittoli une interprète sensible et concentrée, dotée de l'un des plus beaux timbres de soprano lyrique actuels, on reste sceptique au final devant un emploi qui semble aujourd'hui un peu limitrophe. Sous des fausses allures de grand lyrique, cette Amelia Grimaldi n'est-elle pas, ni plus ni moins, la nature même du spinto verdien ? Avec en mémoire les extatiques Desdémone new-yorkaises de la soprano, difficile ici d'approuver totalement.
Et finalement, on ne sait trop par quel bout prendre la prestation de Carlo Guelfi. Si la couleur vocale comme l'intonation conviennent certainement à l'homme mûr sensé apparaître dès après le prologue, le souffle est court, le phrasé erratique, l'émission constamment engorgée, le timbre morne. Un constat technique bien décevant qu'une dose certaine de vérité psychologique ne parvient aucunement à vivifier.
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