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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de Lucio Silla de Mozart mise en scène par Jürgen Flimm et sous la direction de Tomás Netopil au festival de Salzbourg 2006.
Salzbourg 2006 (1) :
Entre deux âges
Annick Massis (Giunia)
Entre de nouvelles Noces de Figaro que la terre entière attend comme un miracle et une nouvelle Flûte dirigée par Riccardo Muti, cette mouture de l'ouvrage de jeunesse mozartien passe quelque peu inaperçue en cette semaine d'ouverture du célèbre festival. Un Lucio Silla virtuose, sombre, mais desservi par quelques faiblesses matérielles sinon musicales.
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Réalisée en co-production avec la Fenice de Venise, la belle mise en scène de Jürgen Flimm, qui succèdera dans quelques semaines à Peter Ruzicka à la tête du festival de Salzbourg, tente avec un bonheur inégal de tirer le maximum, sur le plan dramaturgique, d'une partition à la fois négligée et difficile d'approche. Ici même, dans la ville de Mozart, Lucio Silla n'a jamais été particulièrement fréquenté.
Jouant habilement la carte d'une opposition littérale des sphères publique et privée dans l'élaboration scénographique – il est bien question de despotisme, après tout –, Flimm et son équipe semblent négliger des éléments de base quant aux mouvements de foule et surtout, à l'utilisation et à l'importance que prennent certains éléments de décor dans le déroulement du spectacle. Impossible d'ignorer, notamment, les manipulations successives dont est l'objet l'énorme pièce centrale de la conception scénique, une forme d'arc romain tout ce qu'il y a de plus inoffensif mais qui, pivotant sur lui-même à d'innombrables reprises au cours de la soirée grâce au concours de vaillants hommes de main, mène un véritable train d'enfer, enterrant plus souvent qu'autrement chanteurs et choristes.
Double mise en abîme ? Peut-être, mais il faut avouer que le concept même de théâtre dans le théâtre n'en est plus exactement à ses premières armes. À tout seigneur, tout honneur, reconnaissons en contrepartie que le metteur en scène parvient à tirer de ses interprètes le maximum d'investissement théâtral, dans une optique plus germanique que véritablement méditerranéenne, mais profondément incarnée.
Si une certaine lassitude parvient néanmoins à s'installer au fur et à mesure que la soirée progresse, la faute en incombe peut-être à l'ouvrage en premier lieu. Recelant de réels trésors d'invention musicale, Lucio Silla n'en est pas moins construit sur un livret d'une pauvreté relative, par moments étrange de construction, du moins pour nos sensibilités modernes. C'est bien là tout le fastidieux que représente de monter une telle oeuvre, quintessence même, dans la moins bonne acception du terme, de l'opera seria. Après le triomphe de Mitridate, Mozart allait progressivement se tourner vers une tout autre forme d'écriture lyrique, trouver ses véritables marques.
La distribution réunie autour de l'excellent jeune chef tchèque Tomàs Netopil, rompue à cette grammaire reliant deux époques, est d'une remarquable homogénéité. Veronica Cangemi et Monica Bacelli atteignent une sensualité irrésistible ; Julia Kleiter connaît un début de soirée difficile, mais donne la pleine mesure de ses beaux moyens après l'entracte. Sans démériter, Annick Massis se tire avec brio de la tessiture et des vocalises crucifiantes de Giunia – on déplorera par contre qu'elle doive sacrifier par moments la stricte beauté du chant à une virtuosité obligée. Roberto Saccà , Silla veule et rongé par ses propres contradictions, fait regretter une certaine richesse de timbre qui serait bienvenue – d'autant que Michael Schade est à Salzbourg pour répéter le rôle-titre de la Clémence de Titus.
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