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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital de la mezzo-soprano Magdalena Kožená accompagnée au piano par Malcolm Martineau au Festival de Salzbourg 2006.
Salzbourg 2006 (2) :
Magdalena mi-figue mi-raisin
Déjà une habituée des rives de la Salzach depuis quelques étés, la mezzo tchèque Magdalena Kožená est prévue cette année pour un Idamante fort attendu, sous la baguette de Roger Norrington et dans la mise en scène des époux Hermann dévoilée à l'été 2000. En prélude à cette reprise, un Liederabend au programme ambitieux qui tombe malheureusement à plat.
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Peter Ruzicka, intendant sortant du Festival, aura voulu cette saison jubilaire à la fois uniforme et pluridirectionnelle : centrée sur Mozart, bien sûr, mais également ponctuée de programmes de concert intrigants et audacieux, où cohabitent en d'impressionnants amalgames la musique de l'enfant chéri de la ville et des oeuvres contemporaines, voire des créations, comme c'est le cas en partie ce soir. À la base, l'idée se révèle du plus vif intérêt.
Quel bonheur, en effet, de retrouver Magdalena Kožená dans un répertoire de mélodies tchèques que l'on croirait presque écrites pour elle, avec elle, tant l'adéquation de ses moyens vocaux et interprétatifs avec cette musique est transcendante. Elle parvient à des moments d'une grande vérité, dans le pathos, dans l'ironie, dans la naïveté mais aussi dans la joie, éphémère et combien poétique des deux cycles de son compatriote Petr Eben.
Et c'est bien là la chanteuse que l'on connaît et que l'on aime, authentique, honnête, et comme elle le démontre à nouveau, dotée d'un grave mordoré et envoûtant qu'elle sait utiliser avec la meilleure finesse dans de subtils dégradés de nuances. Bel et bien écrit avec l'artiste en tête, le cycle Poems and Prayers du Britannique Brett Dean se veut à la fois sardonique, irrévérencieux, voire quelque peu provoquant. Malgré un anglais calamiteux, Kožená en livre une lecture franche, à la caractérisation aboutie.
Entracte, puis retour sur la scène du Mozarteum. C'est avec fébrilité que l'on attend Mozart, éclairé des feux d'une musique inhabituelle. La chute n'en est que plus vertigineuse. On retrouve les deux partenaires certes en parfaite forme, attentifs, inspirés, confortables. Mais que leur manque-t-il donc ? La simplicité. Autant dire qu'il leur manque tout.
L'ironie voudra que le texte d'accompagnement du programme de la soirée insiste en des termes non équivoques sur cet esprit si profondément viennois, si indissociablement mozartien et « classique », sur cette façon de faire, de dire, de chanter en jouant, de jouer en chantant
Ici, point d'épanouissement. On cherche, on croit trouver, sans certitude ; on ornemente, mais la décoration gâche le portrait ; on essaie autre chose alors, on recommence, sans que jamais un véritable climat ne s'établisse.
Et l'on quitte perplexe le Mozarteum en pensant à Schnabel, puis à Fischer, à Janowitz, à Schwarzkopf inévitablement, quelques jours après sa disparition. Que le lecteur ne se méprenne pas : nous ne tiendrons aucunement rigueur à Magdalena Kožená et Malcolm Martineau d'avoir voulu trop en faire. Seulement, leurs efforts auront souligné, si besoin était, combien il demeure difficile et risqué, même pour des artistes de premier ordre, de se réapproprier Mozart, aujourd'hui comme hier.
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Mozarteum, Salzburg Le 07/08/2006 Renaud LORANGER |
| Récital de la mezzo-soprano Magdalena Kožená accompagnée au piano par Malcolm Martineau au Festival de Salzbourg 2006. | Petr Eben (*1929)
Malé smutky (1964/65)
PÃsne nejtajnejsà (1952)
Brett Dean (*1961)
Poems and Prayers (2006)
Création mondiale
Wolfgang Amadeus Mozart (1756–1791)
Oiseaux, si tous les ans, KV 307
Dans un bois solitaire, KV 308
Der Zauberer, KV 472
Abendempfindung, KV 523
Das Veilchen, KV 476
Als Luise, KV 520
Die Alte, KV 517
Ridente la calma, KV 152
Un moto di gioja, KV 579
Vedrai, carino (air de Zerlina, Don Giovanni)
Voi che sapete (air de Cherubino, Le Nozze di Figaro)
Magdalena Kožená, mezzo-soprano
Malcolm Martineau, piano | |
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