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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Messe en ut mineur par Philippe Herreweghe et version de concert d'Idoménée de Mozart par William Christie au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
En quête de liberté
Rentrée mozartienne au Théâtre des Champs-Élysées, qui confronte, avec la Messe en ut mineur dirigée par Philippe Herreweghe et Idoménée par William Christie et ses Arts Florissants, deux approches antagonistes du maître salzbourgeois, entre joliesse et austérité, qui n'en permettent pas moins de suivre le compositeur sur la voie de l'émancipation.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 15/09/2006
Mehdi MAHDAVI
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Lorsque Mozart quitte Salzbourg le 23 septembre 1777, c'est, pense-t-il, pour ne plus y revenir, sinon couvert de cette gloire que mérite son génie. Au terme d'un périple qui le mène jusqu'à Paris, où il perd sa mère, le voici pourtant de retour, contraint de quémander un poste d'organiste à celui-là même qui l'avait congédié en réponse à sa démission quinze mois plus tôt, ce prince-archevêque qu'il déteste, et qui le lui rend bien.
Un an et demi plus tard, un léger vent de liberté semble à nouveau souffler sur la tête du compositeur : fruit des contacts liés durant son séjour à Mannheim, il reçoit de Karl-Theodor, électeur palatin devenu prince-électeur de Bavière, la commande d'un opera seria pour le carnaval de Munich. Ce sera Idomeneo, Re di Creta, sur un livret de l'abbé Varesco, d'après celui qu'Antoine Danchet composa pour la tragédie lyrique de Campra.
Certainement flatté par le prestige du commanditaire, Colloredo accorde six semaines de liberté, soit le temps nécessaire aux répétitions, à celui qu'il traite avec le peu d'égards dus à un serviteur. Mozart quitte de nouveau Salzbourg, seul pour la première fois de sa vie, le 5 novembre 1780. Survenue le 29 novembre, la mort de l'impératrice Marie-Thérèse arrange bien ses affaires, puisqu'elle oblige le prince-archevêque à gagner Vienne sans se soucier du retour du konzertmeister rebelle.
Rejoint par Nannerl et son père, Wolfgang peut donc assister, le 29 janvier 1781, à la création de son opéra, porté au triomphe par les virtuoses incomparables de l'orchestre de Mannheim importés à Munich par le prince-électeur, et des chanteurs exceptionnels, parmi lesquels le ténor Anton Raaf, encore étonnamment virtuose à 66 ans.
Un Idoménée littéralement défait
Les titulaires du rôle-titre sont rares, et Paul Agnew peut y faire illusion par l'intensité de la présence et la vérité du phrasé. Mais la voix est littéralement défaite, et les vocalises martelées d'un Fuor del mar sans tenue ne sont qu'un pis-aller. À l'exception du formidable Arbace de Carlo Vincenzo Allemano – authentique couleur d'Idomenée –, dont le rôle a malheureusement été sacrifié, le reste de la distribution se distingue par sa médiocrité : deux sopranos pointues, non sans qualités pour Ilia, mais tristement débraillée pour Elettra, et une mezzo qui persiste à chanter à un diapason légèrement plus élevé que celui adopté par l'orchestre en Idamante. Passée une ouverture brouillonne, les Arts Florissants se montrent relativement souples, et surtout très lisse, tandis que William Christie, fidèle à sa précipitation mozartienne livre une lecture parfois élégante, mais toujours superficielle, qui jamais ne tente de pénétrer au coeur de la tragédie.
Malgré son succès, Idomeneo ne tient pas à l'affiche. Mozart n'en profite pas moins de son sursis pour s'étourdir des festivités du carnaval. Mais début mars, Colloredo le fait appeler à Vienne. Erreur fatidique, car c'est donner des ailes au jeune compositeur qui, s'affranchissant du même coup de la tutelle paternelle, ne cesse d'ajourner son retour à Salzbourg, jusqu'à la brouille définitive, survenue le 9 mai 1781.
Dès son arrivée, Mozart retrouve le baron Gottfried van Swieten, qu'il avait déjà croisé sur sa route d'enfant prodige treize ans plus tôt, et dont il fréquente assidûment les séances musicales du dimanche matin. Grand amateur de musique, le baron lui permet de découvrir les fugues de Bach et de se replonger dans celles de Haendel. C'est donc tout imprégné des grands anciens que Wolfgang se lance dans la composition d'une messe d'action de grâces qu'il a promis de faire jouer à Salzbourg pour le rétablissement de Constance Weber, qu'il épouse devant Dieu le 4 août 1782, anticipant d'une journée l'approbation de son père.
Jubilation trop calculée
Et c'est bien la clarté polyphonique qui semble le principal souci de Philippe Herreweghe dans la lecture qu'il donne de la Messe en ut à la tête du Collegium Vocale de Gand et de l'Orchestre des Champs-Élysées. Mais cette absolue maîtrise nuit à une jubilation trop calculée, corsetée même, prise dans un mouvement trop uniment rapide. Il est vrai que l'indigence des solistes féminins – soprano timide, mezzo totalement dépassée – est un remède à l'exaltation.
Mozart n'ira guère au-delà de cette moitié de messe qu'il évoque dans une lettre à son père datée du 4 janvier 1783, mais la fera tout de même exécuter avec des emprunts à des oeuvres antérieures à l'église Saint-Pierre de Salzbourg, ultime pied-de-nez à Colloredo, le 26 octobre de la même année. Le lendemain, Mozart quitte Salzbourg définitivement, absolument libre.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 15/09/2006 Mehdi MAHDAVI |
| Messe en ut mineur par Philippe Herreweghe et version de concert d'Idoménée de Mozart par William Christie au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
12 septembre :
Symphonie n°39 en mi bémol majeur K. 543 (1788)
Messe solennelle en ut mineur « Grand Messe » K. 427/417a (1783)
Letizia Scherrer, soprano
Marianne Beate Kielland, mezzo-soprano
Topi Lehtipuu, ténor
Yorck Felix Speer, Basse
Collegium Vocale de Gand
Orchestre des Champs-Elysées
direction : Philippe Herreweghe
15 septembre :
Idomeneo, re di Creta, dramma per musica en trois actes K. 366 (1781)
Livret de Giovanni Battista Varesco d'après Idoménée d'Antoine Danchet
Version de concert
Paul Agnew (Idomeneo)
Tuva Semmingsen (Idamante)
Claire Debono (Ilia)
Violet Noorduyn (Elettra)
Carlo Vincenzo Allemano (Arbace, le Grand PrĂŞtre)
Simon Kirkbride (La Voix)
Choeur et Orchestre des Arts Florissants
direction : William Christie | |
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