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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Version anglaise de la Création de Haydn sous la direction de Paul McCreesh à la salle Pleyel, Paris.
Une Création haendélienne
Si le Gabrieli Consort and Players n'était pas l'ensemble idéal pour mesurer l'adéquation de l'acoustique de la nouvelle salle Pleyel avec les instruments d'époque, Paul McCreesh a offert une lecture enthousiasmante et volontairement haendélienne de la Création de Haydn, dans une version anglaise inhabituelle.
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Temple de la musique symphonique, la salle Pleyel se veut également un lieu d'accueil privilégié pour les ensembles d'instruments anciens les plus prestigieux, dont certains très rares à Paris. Ainsi, se succèderont cette première saison les English Baroque Soloists, le Freiburger Barockorchester, les Arts Florissants, le Concert des Nations, le Concentus Musicus Wien, les Musiciens du Louvre-Grenoble et l'Orchestre des Champs-Élysées, dirigés par Gardiner, Jacobs, Christie, Savall, Harnoncourt et Minkowski.
Paul McCreesh et son Gabrieli Consort and Players ont ouvert le bal, avec leur troisième incursion dans le répertoire classique, la Création de Haydn, ou plutôt The Creation, puisque le chef anglais, interprète chevronné de l'oratorio haendélien, a voulu revenir à la langue originelle du livret.
C'est en effet de Londres, où il entendit bon nombre d'oratorios de Haendel, que Haydn rapporta ce livret inspiré de la Bible et du Paradis perdu de Milton. Le baron Gottfried van Swieten, celui-là même qui fit découvrir à Mozart les fugues de Bach, se chargea de l'adaptation et des frais de la première audition privée, le 30 avril 1798, au palais viennois du Prince Schwarzenberg, membre de la Société des Associés, fondée par van Swieten.
La première publique eut lieu un an plus tard au Burgtheater, et remporta un immense succès. La partition fut publiée en 1800, et, fait exceptionnel, en allemand et en anglais. Mais plutôt que de revenir au texte original, cette édition s'appuie sur une traduction assez maladroite du livret de van Swieten, à en croire le chef britannique. Cette exécution en anglais, qui accentue davantage encore l'hommage de Haydn à Haendel, a donc nécessité quelques retouches, principalement dans les récitatifs.
Dans cette oeuvre pour ainsi dire évidente dans sa luminosité, ses figuralismes parfois naïfs, Paul McCreesh retrouve un élan, une souplesse de phrasé, sinon une variété, qui lui faisaient défaut dans ses dernières incursions haendéliennes, tout du moins en concert. Dans un effectif étoffé, le Gabrieli Consort and Players n'en chante pas davantage, particulièrement dans l'acoustique analytique de la nouvelle Salle Pleyel qui, si elle ne laisse rien passer aux orchestres symphoniques, est plus redoutable encore pour ce type de formation.
Un orchestre sec et avare de couleurs
D'attaques plus franches, mais toujours sec et avare de couleurs, l'ensemble de McCreesh s'efface donc devant un remarquable ensemble de solistes, davantage flatté par l'acoustique qu'un choeur dont la disposition, non pas sur les gradins de l'arrière-scène, mais derrière l'orchestre, ne nous a pas permis de goûter la virtuosité.
D'une diction parfois pâteuse, Sandrine Piau est idéale de fraîcheur instrumentale, avec cette malice inimitable dont elle déborde toujours dans Haydn. Sans doute court de projection, Neal Davies est un récitant inspiré, qui sait se faire primesautier sous les traits d'Adam, adoucissant sa voix de basse flexible et égale, sinon colorée. Enfin, Uriel prophétique, Mark Padmore est toujours l'élégance personnifiée.
Enthousiasmante, sinon transcendante, cette Création où jamais ne transparaît la prémonition du péché originel, accroît surtout, à l'instar des concerts d'inauguration de l'Orchestre de Paris, notre curiosité d'écouter d'autres formations jouant sur instruments d'époque dans une acoustique qui est encore loin d'avoir révélé tous ses secrets.
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Salle Pleyel, Paris Le 22/09/2006 Mehdi MAHDAVI |
| Version anglaise de la Création de Haydn sous la direction de Paul McCreesh à la salle Pleyel, Paris. | Joseph Haydn (1732-1809)
The Creation, oratorio en trois parties (1798)
Livret de Gottfried van Swieten, d'après la Bible et le Paradis perdu de John Milton.
Sandrine Piau, soprano (Gabriel, Eve)
Mark Padmore, ténor (Uriel)
Neal Davies, basse (Raphael, Adam)
Gabrieli Consort and Players
direction : Paul McCreesh | |
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