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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Nouvelle production du Chanteur de Mexico de Francis Lopez mise en scène par Emilio Sagi et sous la direction de Fayçal Karoui au Théâtre du Châtelet, Paris.
Au ras des pâquerettes
Ismael Jordi (Vincent)
Mexico ! Mexiii...co !, reprennent en choeur, au final, les spectateurs ravis : le Chanteur de Mexico de Francis Lopez est de retour pour une trentaine de représentations au Châtelet. Jean-Luc Choplin, nouveau directeur de la salle, a ainsi voulu renouer avec le passé d'un théâtre populaire, mais d'une manière glamour et kitsch, trop souvent au ras des pâquerettes.
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Le Chanteur de Mexico, à jamais associé à sa super star d'alors Luis Mariano, fut donné plus de 900 fois au Théâtre Châtelet depuis les années 1950, et il aurait accueilli jusqu'ici quelque 2 500 000 spectateurs. L'opérette à la française réactualisée, ressourcée dans l'ironie et la dérision, pouvait-elle connaître, en 2006, une seconde chance ?
D'un chic très kitsch, les décors de Daniel Bianco sont d'un effet mode dans le sillage de Pierre et Gilles, relookant à peine une pièce à la fantaisie datée. La scénographe Agathe Melinand, qui réécrit si souvent avec tant d'humour les dialogues d'Offenbach pour Laurent Pelly et Marc Minkowski, s'avère cette fois moins inspirée. Elle situe l'intrigue dans un studio de cinéma des années 1950 où l'on tournerait le film le Chanteur de Mexico, ce qui prive les spectateurs à la mémoire longue des délicieuses scènes de Saint-Jean de Luz et des basques à béret.
Pour faire branché, la scénariste imagine avec une certaine verve que le baryton, dépité de ses amours, se fait la malle avec un garçon... Un détail, le texte n'étant pas gravé dans le marbre. Mais si au moins les comédiens et chanteurs avaient une diction impeccable, car dans la seconde partrie, on ne comprend pas un traître mot de ce qui se dit sur scène. Seuls échappent à cette bouillie parlée et chantée le remarquable Bilou de Franck Leguérinel, si souvent entendu sur les scènes d'opéra, et le héros de l'histoire, Ismael Jordi, un jeune ténor espagnol qui a été l'élève du légendaire Alfredo Kraus.
Succéder à Mariano était un véritable défi ; voix chaleureuse, ce nouveau Vincent s'en sort parfaitement. Si Rossy de Palma, actrice fétiche d'Almodovar, campe une Eva et une Tornada irrésistibles, désopilantes, elle s'avère tout aussi incompréhensible en français qu'en espagnol. Quant à Clotilde Courau, elle est une Cricri inexistante, transparente, sans le plus petit trait de voix.
Le luxe de cette nouvelle production est la présence de l'Orchestre Philharmonique de Radio-France en fosse. Sous la baguette de Fayçal Karoui, les musiciens s'amusent en fredonnant ces mélodies qui ont traversé le temps. Et l'on se surprend à savourer ces petits bijoux, tout en regrettant en permanence le manque d'entrain, de dynamisme, de folie d'une mise en scène et de chorégraphies très conventionnelles. On rêve alors de ce qu'un esprit Broadway aurait pu apporter !
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