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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Chef charismatique, Seiji Ozawa est le directeur musical de cette phalange depuis 1973. Il a démontré dans son premier concert parisien combien il pouvait incarner la continuité entre une tradition d'interprétation issue de l'héritage de Mahler lui-même (dont Bruno Walter et plus près de nous, Vaclav Neumann sont les figures de proue) et une sonorité moderne de l'orchestre, dépouillée et chatoyante, basée sur la lecture stricte de la partition et sur un refus des effets superfétatoires. Dans cette ¦uvre qui danse constamment sur le fil de l'outrance, il a su créer des tensions d'une efficacité dramatique exceptionnelle.
En fragmentant un discours musical fondé sur la continuité, l'élan, l'opposition des masses sonores, Ozawa imposait à son public en apnée, une attention quasi cathartique. Pendant les temps de silence occasionnés par l'extinction des phrases musicales, le chef s'arrêtait, bras ballants, comme fasciné par les déluges sonores qu'il venait de susciter ou épuisé par les dépressions mélancoliques des passages " morendo " (en mourant) si nombreux de la partition. Ces silences, tout en créant un état de tension psychologique extrême, éclaircissaient la trajectoire de l'oeuvre.
Le Choeur de Radio France était à son sommet. On ne dira jamais assez combien il est périlleux de chanter à peine un quart d'heure dans le dernier mouvement après avoir attendu plus d'une heure sur scène, immobile. La mezzo soprano américaine, une des stars du Met, Florence Quivar a su emmener le public vers de sommets métaphysiques avec la mélodie " Urlicht " qui est l'apogée de cette partition. Une réserve cependant pour la soprano Nancy Argenta au timbre magnifique mais qui n'a pas su trouver son juste équilibre, tant dans ses parties solistes avec l'orchestre, qu'en duo avec Florence Quivar.
Certains auditeurs ont, paraît-il, ressenti, une certaine " froideur analytique " à l'écoute de cette interprétation. Rien de plus faux. Ozawa a simplement nettoyé la symphonie de ses effets chichiteux. On est loin ici des langueurs de Lorin Maazel, de l'élégance retenue d'Abbado ou des fulgurantes clartés de Boulez. Avec un orchestre d'une efficacité redoutable, Ozawa était simplement humain, trop humain.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 02/05/2000 Olivier BERNAGER |
| Seiji Ozawa dirige l'Orchestre Symphonique de Boston au Théâtre des Champs Elysées, Paris. | Symphonie n° 2 " Résurrection " en ut mineur de Gustav Mahler
Orchestre Symphonique de Boston
Direction : Seiji Osawa
Avec Florence Quivar et Nancy argenta. | |
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