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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l'Orchestre Colonne sous la direction de Claire Gibault, avec la participation de la pianiste Elisabeth Chojnacka à la salle Gaveau, Paris.
Un orchestre invertébré
Claire Gibault
La programmation de l'Orchestre Colonne est l'une des plus excitantes de la saison pour l'amateur de musique contemporaine. Néanmoins, ce concert qui offre deux reprises de pièces de François-Bernard Mâche et Olivier Greif, a de quoi faire déchanter : la formation parisienne est un ensemble routinier, imprécis et négligé.
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François-Bernard Mâche, au moment des saluts, n'en laisse rien paraître, et pourtant, que ses Braises pour clavecin et orchestre ont été mal jouées ! Cette oeuvre, déjà gravée au disque, est pourtant merveilleusement suggestive, d'un premier mouvement statique où de brusques flammèches des vents tentent d'embraser l'orchestre à un deuxième mouvement festival de rythmes brisés, incendie musical particulièrement jubilatoire où l'on peut admirer l'indépendance d'esprit du compositeur, né en 1935. Mais hélas, l'Orchestre Colonne n'a pas la rigueur rythmique que requiert une telle partition, et seule Elisabeth Chojnacka parvient de son clavecin à maintenir un semblant de cohésion.
La même mollesse était déjà à l'oeuvre dans le Concert champêtre de Poulenc. On s'interroge : la faute en incombe-t-elle à Claire Gibault ? Malgré ses grands gestes, la chef peine à obtenir une réponse de l'orchestre. Plus encore, après l'apparition du Jacques Loiseleur des Longchamps, visage grave et solennel pour la 1re symphonie d'Olivier Greif, disparu en 2000, les musiciens laissent transparaître un certain laisser-aller. La pièce est basée sur des poèmes de Paul Celan, elle vise au tragique et emprunte copieusement à Chostakovitch et au premier mouvement de la Musique pour cordes, percussion et célesta de Bartók. Une musique assez simple, qu'on écoute sans déplaisir mais avec détachement.
Enfin, pour conclure une soirée bien médiocre, le Pulcinella de Stravinski, venant à point nommé pour jauger de la qualité des différents corps de l'orchestre. Bilan bien mitigé : cordes correctes, cuivres très moyens, bois catastrophiques. Alors que la pièce, aux trouvailles inépuisables, suscite en général l'enthousiasme, on en ressort avec la plus cruelle indifférence.
Attendons le prochain concert de l'Orchestre Colonne sous la baguette de son directeur musical, Laurent Petitgirard, et espérons qu'il sache réveiller cette formation ce soir profondément routinière.
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Salle Gaveau, Paris Le 10/10/2006 Laurent VILAREM |
| Concert de l'Orchestre Colonne sous la direction de Claire Gibault, avec la participation de la pianiste Elisabeth Chojnacka à la salle Gaveau, Paris. | Francis Poulenc (1899-1963)
Concert champêtre pour clavecin et orchestre
François-Bernard Mâche (*1935)
Braises, concerto pour clavecin amplifié et orchestre (1993)
Elisabeth Chojnacka, clavecin
Olivier Greif (1950-2000)
Symphonie n° 1 pour baryton et orchestre (1997)
Jacques Loiseleur des Longchamps, baryton
Igor Stravinski (1882-1971)
Pulcinella
Orchestre Colonne
direction : Claire Gibault | |
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