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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Concert d'ouverture de la saison symphonique de l'Orchestre national de Lyon sous la direction de Jun Märkl en collaboration avec la biennale de la danse à l'Auditorium de Lyon.
Danse ou musique, il faut choisir
Jun Märkl
L'ouverture de la saison dernière déjà placée sous le signe de l'union entre geste et musique, l'Auditorium de Lyon franchit cette année un degré supplémentaire avec une collaboration entre l'ONL et la Biennale de la Danse. Chronique d'une belle soirée d'ouverture où musique et chorégraphie ne font pourtant pas toujours bon ménage.
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Complicité artistique
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Hommage au réalisme poétique
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En septembre 2005, l'ouverture de saison de l'Orchestre national de Lyon avait déjà vu la mise en espace et en image de Liszt et de Messiaen, pour un résultat guère probant. Cette année encore, l'aspect visuel donne corps à une soirée d'ouverture se situant dans la perspective d'une saison consacrée aux Ballets russes. L'Auditorium a donc décidé de collaborer cette fois de manière beaucoup plus pertinente avec la Biennale de la Danse.
Sauvage, convulsif, habité par un rut poussif qui engendre des râles aussi continuels qu'animaux, le Faune de Marie Chouinard est d'une lascivité quasi forcenée. C'est à peine s'il peut dominer cette pulsion enfiévrée au coït, péniblement contrainte par un génitoir absent, dont la reconquête constituera l'ultime soulagement. La chorégraphie s'avère toujours prenante, récupérant le style nijinskien dans une démarche personnelle et achevée.
Mais la respiration furieuse et pénible du Faune, perceptible jusqu'au premier balcon malgré la musique, apparaît en flagrante contradiction avec la respiration poétique de Debussy, si nouvelle pour l'époque. Dans ce prélude où l'érotisme conduit à une dissolution dans un onirisme moite et sensuel affranchi de toute contingence, la sensation de tension et de conflit créée par les choix chorégraphiques jure avec la partition, quand elle ne perturbe pas tout à fait l'écoute. D'autant que Jun Märkl joue au pupitre la carte de la transparence et de l'évidence, laissant s'épanouir naturellement la substance d'une musique à la liberté si inouïe.
Le style de la chorégraphe colle en revanche à merveille au Sacre du printemps, recomposant un espace nerveux, enfiévré, au moyen de corps sculptés à la Rodin et de mouvements en blocs massifs et tranchants. L'Orchestre national de Lyon ne démérite pas techniquement et s'attache à une mise en place scrupuleuse d'une pièce des plus complexes, qui demande un chef à poigne ou du moins avec quelques prises de risques à défaut de véritable vision, ce qui n'est pas le cas ce soir du très consensuel Märkl.
Une lecture proprette
Car si cette interprétation ne froissera personne, elle n'enthousiasmera pas davantage. On perçoit clairement une certaine recherche, un certain travail sur les textures, notamment dans les cordes, mais le chef allemand ne va pas reste en surface d'une partition qui demande impérativement à être creusée : Danse sacrale proprette, aux attaques de cordes pas assez sabrées, timbres loin de l'écorchure et donc de l'expression adéquate, sonorités parfois délavées, cuivres sans acuité, ne rendant jamais toute la démesure nécessaire.
S'il nous faudra ce soir choisir entre danse et musique, on restera néanmoins globalement saisi par un spectacle qui en vaut la peine et par une bonne tenue d'orchestre, en espérant que Märkl sache opérer des choix interprétatifs plus décisifs pour les Ballets russes à venir.
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Auditorium Maurice Ravel, Lyon Le 29/09/2006 Benjamin GRENARD |
| Concert d'ouverture de la saison symphonique de l'Orchestre national de Lyon sous la direction de Jun Märkl en collaboration avec la biennale de la danse à l'Auditorium de Lyon. | Claude Debussy (1862-1918)
Prélude à l'après-midi d'un faune (1892)
chorégraphie : Marie Chouinard
éclairages : Alaine Lortie
costume : Luc Courchesne, Louis Montpetit et Marie Chouinard
maquillage : Jacques-Lee Pelletier
Igor Stravinski (1882-1971)
Le sacre du printemps, tableaux de la Russie païenne en deux parties (1913)
conception et chorégraphie : Marie Chouinard
éclairages : Marie Chouinard
costumes : Vandal
accessoires : Zaven Paré
maquillages : Jacques-Lee Pelletier
coiffures : Daniel Ethier
musique d'introduction : Signatures sonores, Robert Racine, 1992.
Orchestre national de Lyon
direction : Jun Märkl | |
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