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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelles productions du Vol de Lindbergh et des Sept péchés capitaux de Kurt Weill mises en scène par François Girard et sous la direction de Roberto Minczuk à l'Opéra national de Lyon.
Wagner n'a qu'Ă bien se tenir
Kurt Streit (Lindbergh)
Avant d'ouvrir la saison prochaine sur un Lohengrin très attendu, l'Opéra de Lyon clôt cette année sur la réaction théâtrale la plus virulente au wagnérisme qui soit, en reprenant le Vol de Lindbergh et les Sept péchés capitaux de la collaboration Brecht-Weill. Une magnifique réussite scénique servie par une musicalité efficace.
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Exit le théâtre d'illusion. Avec Brecht et Weill, place à la distanciation critique, à la révélation de tous les enjeux sous-jacents pour un art résolument engagé. La force de la collaboration Brecht-Weill tient à ce théâtre cru, direct, servi par une musique acerbe prenant le contre-pied de toutes les tendances avant-gardistes de l'époque. Jamais un théâtre ne s'est situé à ce point aux antipodes de l'opéra traditionnel et de toutes ses conventions, mais aussi n'a autant pris le contre-pied du drame wagnérien.
En résulte une vraie gageure pour le metteur en scène qui ne peut dès lors se contenter de livrer une réalisation indifférente. Dans cette production lyonnaise, François Girard s'est parfaitement approprié le théâtre brechtien. Si le Vol de Lindbergh est défendu par une mise en scène essentiellement efficace – il faut dire que Brecht y emploie une morale quelque peu sommaire, rendant le travail scénique d'autant plus difficile –, les Sept péchés capitaux séduisent par leur inventivité, leur puissance, leur actualité. Girard relie d'ailleurs habilement ces deux oeuvres distinctes par un même geste scénique, ce lancer de billets verts, symboles d'un capitalisme triomphant et vénéneux.
Virtuosité incomparable de la danse, toujours narrative, smurf et hip-hop récupérés comme des produits d'un capitalisme outrancier, décors d'une lisibilité efficace, jeu d'acteur d'un sarcasme idoine, ces Sept péchés capitaux constituent une très grande réussite, laissant le spectateur bien à la peine de reprendre son souffle.
Alors que Kurt Streit campe un Lindbergh bien chantant, tout de pureté vocale, Gun-Brit Barkmin reprend à son compte une manière de déclamer Weill beaucoup plus proche de l'esprit original, celle défendue jadis par Lotte Lenya, pour une Anna a la voix railleuse, acide jusqu'au sarcasme, femme brisée par une société dominatrice, révélant tout à la fois foncièrement son statut de victime autant qu'un pragmatisme désabusé. Les autres solistes restent dans cette mouvance typique du théâtre épique ; on déplorera tout au plus quelques faiblesses du côté de Dario Süss, baryton caverneux manquant de projection mais dont la voix parlée est de très bonne tenue.
Au surplus, les choeurs de l'Opéra de Lyon bénéficient d'un allemand impeccable et jouent un rôle dynamique qui redonne toute sa vigueur à un théâtre haletant. Même en effectif réduit – quatre ou cinq choristes –, il conserve un incroyable sens de la cohésion et de l'empreinte sonore collective. L'Orchestre de l'Opéra n'est pas l'instrument le mieux sonnant mais fait preuve, sous la férule de Roberto Minczuk, d'une incisive précision et de beaucoup de vivacité donnant une réplique efficace à la dynamique scénique.
La tenue de d'ensemble accuse quoi qu'il en soit la pression sur un Lohengrin déjà très attendu : car avec ce Weill-là , la concurrence sera rude pour Wagner !
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Opéra national, Lyon Le 04/07/2006 Benjamin GRENARD |
| Nouvelles productions du Vol de Lindbergh et des Sept péchés capitaux de Kurt Weill mises en scène par François Girard et sous la direction de Roberto Minczuk à l'Opéra national de Lyon. | Kurt Weill (1900-1950)
Le vol de Lindbergh, cantate pour ténor, baryton et basse, choeur et orchestre (1930)
Les sept péchés capitaux, ballet chanté en un prologue et sept tableaux (1933)
Livrets de Bertolt Brecht
Choeurs et Orchestre de l'Opéra de Lyon
direction : Roberto Minczuk
mise en scène : François Girard
décors : François Seguin
costumes : Thibault Vancraenenbroeck
Ă©clairages : David Finn
chorégraphie : Marie Chouinard
video : Peter Flaherty
préparation des choeurs : Alan Woodbridge
Avec :
Le vol de Lindbergh
Damien Bigourdan (Le Speaker), Kurt Streit (Lindbergh), Urban Malmberg (baryton solo), Dario SĂĽss (basse solo), Yann Dao, Alibey Ghenai, Julien Quartier (danseurs)
Les sept péchés capitaux
Gun-Brit Barkmin (Anna I), Urban Malmberg (Baryton), Dario Süss (La Mère), Jeroen de Vaal (premier ténor), Andreas Jaeggi (deuxième ténor), Juliette Murgier (Anna II), Hélène Bianco, Maïssa Barrouche, Capucine Goust, Cindy Guiovanna, Marion Mangin, Catherine Mestat, Yann Dao, Alibey Ghenai, Julien Quartier, Mabrouk Gouicem, Cédric Gueret, Rachid Hamchaoui, Alex Tuy (danseurs). | |
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