|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
|
Version de concert de la Somnambule de Bellini sous la direction d'Evelino Pidò au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Souveraine Natalie
Elle était le prétexte de cette Somnambule donnée en version de concert à l'Opéra de Lyon puis au Théâtre des Champs-Élysées de Paris. Natalie Dessay, toute d'éclat, de virtuosité, de musicalité, triomphe le plus naturellement du monde dans un répertoire où elle connaît peu d'égales aujourd'hui. Superbe direction d'Evelino Pidò également.
|
|
Bons baisers d’Eltsine
Régal ramiste
L'Étrange Noël de Mrs Cendrillon
[ Tous les concerts ]
|
Si le Théâtre des Champs-Élysées est ce soir plus que comble, reconnaissons que c'est davantage pour la star des sopranos légers que pour Bellini, dont la partition de la Sonnambula ne gagne rien à être privée de spectacle. Le charme de cette musique tellement romantique opère mieux sur la distance avec une véritable incarnation théâtrale des personnages, ceux-ci pas plus que l'intrigue elle-même n'ayant un grand impact naturel. En concert, il ne reste plus que les joies du chant. Elles sont fort heureusement grandes dans l'ensemble, sans pour autant estomper le caractère un peu languissant d'une longue première partie.
Plus grande, un peu durcie quand même dans les forte, surtout en première partie de soirée, la voix de Natalie Dessay demeure d'un éclat, d'une virtuosité et d'un musicalité exceptionnels. Cette formidable actrice est ici privée de mouvement, mais comme tous les grands interprètes, le visage lui suffit pour tout exprimer. Son intense tempérament est néanmoins plus efficace dans le drame qui menace au deuxième acte, que dans la béatitude assez linéaire qui prédomine dans le premier. D'ailleurs, c'est avec la cavatine de ce deuxième acte qu'elle atteint en tous domaines des sommets difficilement égalables.
Son partenaire est le très jeune ténor italien Francesco Meli. À 25 ans à peine, voilà une valeur plus que prometteuse. Voix richement timbrée, de belle couleur, certes encore un peu verte, il chante avec naturel et le plus bel avenir l'attend s'il ne force pas trop vite ses moyens. En outre, cet avenir est sans doute plutôt dans une direction plus lyrique que le bel canto pur et dur qu'il a néanmoins raison de pratiquer à ce stade de la carrière. La nature de son timbre, son type d'émission, sont à l'évidence tout autres que ceux de la puriste Dessay. Mais que de magnifiques qualités !
Les autres rôles, plus anecdotiques, sont tenus avec le plus absolu professionnalisme. Bien jolie voix en particulier de Jaël Azzaretti qui remplaçait en Lisa Sophie Karthaüser. Et puis, il y a la direction d'Evelino Pidò à la tête des Choeurs et de l'Orchestre l'Opéra de Lyon. À l'heure actuelle, c'est vraiment lui qui sait le mieux donner vie à ce répertoire, en faire ressortir au mieux les beautés et le charme, avec cette manière d'aller toujours de l'avant, de ne jamais se laisser prendre au piège du rêve trop abstrait, de souligner les vrais trésors de l'écriture instrumentale. Le succès d'une telle soirée lui doit beaucoup.
| | |
| | |
|