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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de la Traviata de Verdi mise en scène par Jacques Leblanc et sous la direction de James Meena à l'Opéra de Montréal.
Nouveau chapitre
Se relevant à peine d'une saison bien cruelle, au terme de laquelle sa haute direction et son conseil d'administration se sont progressivement disloqués, l'Opéra de Montréal joue la prudence cet automne avec une nouvelle mouture de la Traviata qui marquera peu les esprits. Si le budget est bouclé, la crise identitaire semble elle toujours bien réelle.
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Salle Wilfrid Pelletier, Place des Arts, Montréal
Le 08/11/2006
Renaud LORANGER
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Bons baisers d’Eltsine
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L'Étrange Noël de Mrs Cendrillon
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C'est sans grande surprise que nous apprenions, au printemps dernier, la démission de Bernard Labadie, directeur artistique de l'Opéra de Montréal depuis près de trois ans. À couteaux tirés avec d'influents administrateurs et mécènes, le chef québécois n'aura eu d'autre choix, en bout de ligne, que de tirer sa révérence, les projets qu'il avait échafaudés pour l'avenir de la compagnie se voyant sévèrement compromis dans un avenir prévisible.
Quid, dans de telles circonstances, de la programmation actuelle ? C'est sans grande surprise non plus qu'aux Château de Barbe-Bleue, Erwartung, Clémence de Titus et autre Oedipus Rex – déprogrammé au dernier moment – des dernières saisons succèdent des titres largement plus conservateurs, à l'image de la présente Traviata, la sixième à être produite sur cette scène en quelque vingt-cinq années d'existence. Si le public se déplace nombreux et manifestement heureux, l'observateur reste dubitatif : comment considérer une salle qui rit en entendant Grenville sceller le sort de l'héroïne devant sa servante ?
À tout seigneur, tout honneur : reconnaissons aux nouveaux responsables une détermination hors pair et un doigté certain dans la réunion d'une distribution jeune et énergique, autour d'un metteur en scène inventif et d'un chef rompu à ce répertoire. C'est en effet de James Meena dont la réussite de ce spectacle se révèle la plus redevable. Le chef américain, qui n'en est pas à sa première visite à Montréal, tire de l'Orchestre Métropolitain un commentaire toujours vivant et habité, sachant au surplus palier avec beaucoup de finesse à de menus décalages entre fosse et plateau.
Jacques Leblanc choisit de transposer l'action dans les années 1950, parti pris qui peut sembler arbitraire mais qui dans les faits apparaît entièrement viable. On se désole donc doublement de l'inadéquation frustrante de certains éléments de costume – les femmes au II – et de décor – la chambre de Violetta au III – avec l'atmosphère dramatique.
Dimitri Pittas, jeune ténor de New York dont on lit beaucoup de bien, fait belle impression à ses débuts in loco. La voix est certes un peu verte, l'acteur gauche par moments ; quelques années de métier supplémentaires devraient permettre à l'artiste de donner la pleine mesure de lui-même.
Une appréciation semblable pourrait s'appliquer à Violetta : si Yari-Marie Williams a le physique de l'emploi, de même que toutes les notes – jusqu'au mi bémol optionnel de Sempre libera –, elle n'en a pas encore toute la subtilité, ni même la complexité psychologique ; en deux mots, la maturité. Stephen Kechulius livre quant à lui un Germont quelque peu anonyme, en deçà des attentes.
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Salle Wilfrid Pelletier, Place des Arts, Montréal Le 08/11/2006 Renaud LORANGER |
| Nouvelle production de la Traviata de Verdi mise en scène par Jacques Leblanc et sous la direction de James Meena à l'Opéra de Montréal. | Giuseppe Verdi (1813-1901)
La Traviata, opéra en trois actes (1853)
Livret de Francesco Maria Piave d'après Alexandre Dumas fils
Choeur de l'Opéra de Montréal et Orchestre Métropolitan du Grand Montréal
direction : James Meena
mise en scène : Jacques Leblanc
décors : Claude Goyette
costumes : Opéra de Montréal
Ă©clairages : Matthieu Gourd
préparation des choeurs : James Meena
Avec :
Yari-Marie Williams (Violetta Valéry), Dimitri Pittas (Alfredo Germont), Stephen Kechulius (Giorgio Germont), Mireille Lebel (Flora Bervoix), Marianne Fiset (Annina), Antonio Figueroa (Gaston), Alexandre Sylvestre (le Baron Douphol), Marc Belleau (le Marquis d'Obigny), Chad Louwerse (le Docteur Grenvil), Antoine Bélanger (Giuseppe), Thomas Macleay (un commissionnaire). | |
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