altamusica
 
       aide
















 

 

Pour recevoir notre bulletin régulier,
saisissez votre e-mail :

 
désinscription




CRITIQUES DE CONCERTS 30 octobre 2024

Concert de l'Orchestre de la SWR Baden-Baden und Freiburg sous la direction de Sylvain Cambreling à la salle Pleyel, Paris.

Triomphe parisien pour Cambreling

A la tête de son orchestre de la SWR Baden-Baden und Freiburg, Sylvain Cambreling offre un programme parmi les plus exigeants de la saison. Assumant avec conviction la création française de Plötzlichkeit de Brian Ferneyhough, caricature de musique contemporaine, il livre une fulgurante interprétation d'Arcana d'Edgar Varèse, aussi fougueuse que maîtrisée.
 

Salle Pleyel, Paris
Le 18/11/2006
Laurent VILAREM
 



Les 3 dernières critiques de concert

  • Complicité artistique

  • Sombre Volga

  • Hommage au réalisme poétique

    [ Tous les concerts ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)




  • Voilà un programme qui ne cède en rien à la facilité ! Des oeuvres du XXe siècle, des auteurs au fort parfum de soufre – Ferneyhough, Varèse –, et quand le nom d'Olivier Messiaen apparaît, ce n'est pas pour l'Ascension mais pour Chronochromie, la pièce orchestrale la plus aride de son auteur. Il faut donc saluer la rigueur de Sylvain Cambreling et la merveilleuse maîtrise de l'orchestre de la SWR, qui s'affirme de plus en plus comme une phalange d'exception dans le répertoire d'aujourd'hui.

    Chronochromie est en effet une oeuvre assez sévère. On n'y trouve pas comme dans la Turangâlila ou dans la Transfiguration de notre seigneur Jésus Christ des îlots de consonances qui permettent à l'auditeur un certain répit. Composée en 1960, la pièce arbore une monumentalité un peu sourcilleuse mais finit par impressionner par sa radicalité et sa cohérence. De longs unissons de cordes menaçantes, de lumineux solos de percussions, jusqu'à cette Épode où les cordes semblent faire entendre des centaines de chants d'oiseaux simultanés : Chronochromie semble finalement une manière de quintessence de l'oeuvre de Messiaen, certes un peu abrupte mais que l'énergie employée par Sylvain Cambreling réussit à extraire avec grâce.

    L'oeuvre suivante ne récompense pas une telle patience, tant durant ces vingt-cinq minutes de musique, l'oreille même la mieux accrochée doit consentir à lâcher prise. Il y a un cas Ferneyhough : professeur de composition parmi les plus respectés de la planète, l'Américain est connu pour pousser l'interprétation instrumentale et le langage musical dans ses derniers retranchements. Le challenge pour ce Plötzlichkeit, si l'on en croit le prétentieux texte de présentation dans lequel le public pouvait en dernier recours se réfugier, était en quelque sorte de créer une centaine de petits fragments.

    Non pour les lier ou les transformer graduellement mais en en accusant les contours et la « soudaineté Â». Qu'entend-t-on ? Une centaine de petits morceaux, certains intéressants, d'autres très beaux lorsqu'apparaissent trois voix de soprano, mais l'oeuvre n'est qu'un catalogue d'effets : glissandi, pizzicati... juxtaposés sans trajectoire.

    La deuxième partie du concert met en perspective deux compositeurs qui s'apprécièrent mutuellement : Claude Debussy et Edgar Varèse. Orchestrés par Hans Zender, les Cinq préludes de Debussy cherchent à amplifier la version originale pour piano. Sans changer une note, ils sonnent soit trop : trop clinquants, trop grotesques, soit pas assez : pas assez évocateurs, pas assez transparents – le ratage sans appel des Pas sur la neige – et rappellent à quel point la chimie personnelle de Debussy était un art unique à son auteur.

    Un Arcana cataclysmique

    Le véritable événement revient ainsi Arcana de Varèse, qui clôture cette fin d'après-midi. Cambreling opte immédiatement pour un tempo rapide et son orchestre fait montre d'une fureur qui ne le quittera pas durant ces vingt minutes cataclysmiques. Requérant douze percussionnistes et un arsenal impressionnant de cuivres, le chef-d'oeuvre de Varèse alterne mélodies militaires et grandes masses, suggérant in fine un paysage et une angoisse tout à fait contemporaines.

    On n'épiloguera pas sur la qualité des orchestres allemands, car c'est véritablement Sylvain Cambreling, le maître d'oeuvre de cette gifle magistrale, qui se voit longuement fêté par un public parisien habitué pourtant à le malmener en d'autres lieux de la capitale.




    Salle Pleyel, Paris
    Le 18/11/2006
    Laurent VILAREM

    Concert de l'Orchestre de la SWR Baden-Baden und Freiburg sous la direction de Sylvain Cambreling à la salle Pleyel, Paris.
    Olivier Messiaen (1908-1992)
    Chronochromie

    Brian Ferneyhough (*1943)
    Plötzlichkeit
    Création française

    Claude Debussy (1862-1918) /
    Cinq préludes
    Orchestration de Hans Zender (*1936)

    Edgar Varèse (1883-1965)
    Arcana

    SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg
    direction: Sylvain Cambreling

     


      A la une  |  Nous contacter   |  Haut de page  ]
     
    ©   Altamusica.com